Parti pour rester. La journée du mercredi 5 février ne sera, à priori, pas la dernière du gouvernement de François Bayrou. Sous la menace de deux motions de censure (une pour le 49.3 du texte de loi budgétaire de l’État et une pour le texte de financement de la Sécurité sociale), le quarante-sixième gouvernement de la Ve République ne sera pas renversé, à l’inverse du précédent.

Car cette fois-ci, les cartes semblent avoir été redistribuées. Lors de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le bloc central accompagné d’une partie des Républicains faisait cavalier seul face à l’opposition des députés du Rassemblement national et de l’ensemble de la gauche (Insoumis, écologistes, communistes, socialistes). Désormais, le PS et le RN ont l’avenir du pays en main. Soit ils votent communément les motions de censure et font chuter le gouvernement avec l’aide du reste de la gauche, soit ils renoncent et offrent à la France un budget attendu depuis de longs mois.

Le PS pour le compromis, pas la censure

Comme révélée par Les Echos, le bureau national du Parti socialiste a choisi de ne pas voter les motions de censure (59 voix contre, 4 pour). Ainsi, l’ensemble des députés présents à l’Assemblée s’accordent sur l’envie de faire avancer les choses pour le pays et de ne pas censurer une nouvelle fois pour se retrouver dans l’impasse au printemps 2025. Un discours bien sûr critiqué par le reste de la gauche, mais compréhensible au vu des tractations politiques entre les Socialistes et le gouvernement sur les dernières semaines. À titre d’exemple, lors de la Commission Mixte Paritaire, le PS a obtenu le maintien de 4 000 postes dans l’enseignement dans le futur texte de loi budgétaire.

Ce premier pas vers une implication des socialistes dans les discussions gouvernementales n’est toutefois pas sans risque. D’après Les Echos, le groupe déposera une motion de censure spontanée via l’article 49.2, sur « les valeurs de la République ». Un moyen pour le PS de se détacher des propos de François Bayrou sur la question migration qu’il a qualifiée de « submersion migratoire ». « Ce budget n’est pas un bon budget, pour autant il faut un budget pour la France. C’est la raison pour laquelle le Parti socialiste a pris une décision, celle de censurer le gouvernement à l’issue de la procédure budgétaire », a expliqué le porte-parole des députés PS Arthur Delaporte.

Cette fois-ci, le RN est satisfait mais..

Lors de la précédente motion de censure, le poids du vote RN avait pesé lourd dans la balance. Malgré les ajustements de dernière minute de la part de Michel Barnier, Marine Le Pen et consorts avaient finalement acté la chute du gouvernement. Cette fois-ci, le RN est satisfait du texte porté par l’équipe de François Bayrou mais certains points seront à éclaircir pour ne pas sombrer dans la culture du compromis sur tout. Car si le parti lepéniste se dit prêt à négocier en CMP ou lors d’entretiens plus personnels, les sujets de la retraite, de l’immigration et du pouvoir d’achat restent les priorités des partisans et des électeurs. La question de la suppression de l’Aide médicale d’État (AME) a notamment fait débat lors de la CMP de janvier dernier.

Pour l’heure, le RN n’a pas officiellement pris sa décision sur le vote de la motion de censure, comme le rappelle Libération. Mais les déclarations du président du parti à l’antenne d’Europe 1/CNews laissent entendre que le gouvernement Bayrou passera au moins la fin de l’hiver : « Il faut éviter l’incertitude parce qu’il y a beaucoup de nos compatriotes, alors que l’année 2025 est engagée, qui sont extrêmement inquiets d’une instabilité qui pourrait s’installer dans la durée ».

Pour rappel, le vote des motions de censure débutera à partir de 15 h 30 à l’Assemblée. Pour que le gouvernement soit renversé il faut que la motion soit adoptée à la majorité absolue des membres de l’Assemblée nationale présents le jour de la séance, soit 288 ce mercredi.