Lors de son intervention à la journée du Christianisme social sur Le sens de la peine, Bernard Piettre rappelle d’abord en introduction les deux principaux sens du mot peine avant de montrer dans ce premier volet à quel point la sanction à la fois rend la loi effective et, comme le dit Rousseau, nous « force » à « être libre ».

Une chose est la question de la légitimité de la peine, de l’inadéquation de la peine (on songe à la surpopulation carcérale), de la disproportion de la peine, du mésusage de la peine (« la prison école du crime »), une autre est la question de la nécessité de la peine. Une chose est la nature de la peine, une autre sa nécessité. La question de la nature de la peine, et de l’inadaptation voire de l’absurdité de la politique pénale actuelle en France sera étudiée en particulier cet après-midi. Que la façon dont on inflige la peine soit discutable, questionnable et réformable n’implique pas qu’on puisse se passer de la peine.

Une société ne peut pas exister sans pénaliser une faute commise à son propre égard, à l’égard de l’ordre social mis en place, à l’égard de ses règles de vie commune, de ses lois. Par pénaliser, il faut entendre le fait qu’on inflige une peine à un délinquant ou à un criminel pour signifier une sanction, pour l’exécuter, la rendre effective. La chose commence dans le domaine éducatif. Impossible d’imaginer qu’on éduque un enfant sans qu’on lui interdise certaines choses et sans qu’il nous arrive de le punir. […]