En dépit de l’avis défavorable de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture, Emmanuel Macron a annoncé en décembre 2023 l’organisation d’un concours pour installer des vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris. Alors que celle-ci a retrouvé les huit cloches de son beffroi nord jeudi 12 septembre, ce projet nécessite d’enlever ceux qui datent du XIXe siècle, rappelle BFMTV. L’hiver dernier, le président de la République avait choisi de soutenir la demande de l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich. Celui-ci désirait installer des vitraux contemporains dans l’édifice, afin de « marquer la période de l’incendie et de la restauration ». Le chef de l’État avait alors annoncé l’organisation d’un concours visant à désigner l’artiste chargé de la création de ces vitraux.

En juillet dernier, la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture a été interrogée sur ce sujet. Mais selon un communiqué du ministère de la Culture, chargé de l’organisation du concours, la commission « a émis un avis défavorable à la dépose des vitraux de Viollet-le-Duc ». Le projet prévoit de remplacer l’ensemble des vitraux et pas seulement ceux endommagés par l’incendie d’avril 2019. Aussi, les six chapelles du bas-côté sud de la nef (côté Seine) sont concernées.

Huit candidatures retenues

Consultatif, l’avis de la commission n’a rien d’obligatoire. Il s’appuie sur le fait que les vitraux du XIXe n’ont pas été endommagés et sur les principes de la Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments. Adoptée par la France en 1965, elle conseille de ne pas détruire un élément classé monument historique pour le remplacer par un élément contemporain, résumait Le Figaro en juillet dernier.

Pour le moment, après une phase de consultation, huit candidatures d’artistes ont été retenues au début septembre. Ils « sont appelés dès aujourd’hui à travailler à leur projet qui devra être remis le 4 novembre prochain à midi », explique le ministère de la Culture. Le projet lauréat sera présenté lors de la réouverture de la cathédrale en décembre, « en vue d’une mise en réalisation en 2025 », ajoute le ministère de la Culture. Malgré son avis défavorable, la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture a fait savoir qu’elle examinerait le projet sélectionné avant la fin de l’année. « Elle pourra à ce moment-là apprécier, au vu du projet, l’intérêt pour la cathédrale de l’apport de cette création », indique le ministère de la Culture.

Un projet loin de faire l’unanimité

Le projet est loin de faire l’unanimité. Des acteurs du monde de l’art et du patrimoine n’ont pas hésité à dire qu’ils ne voyaient pas d’un bon œil le remplacement des vitraux d’Eugène Viollet-le-Duc. Didier Rykner, le fondateur du média La Tribune de l’Art, en fait partie. En décembre dernier, il a lancé une pétition qui a déjà recueilli plus de 180 000 signatures. « Les vitraux contemporains ont toute leur place dans l’architecture ancienne lorsque ceux d’origine ont disparu. Ils n’ont pas vocation à remplacer des œuvres qui existent déjà », a-t-il écrit.

Jeudi, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a posté un message sur X. « Ces vitraux du XIXe siècle sont devenus indissociables de la cathédrale : Notre-Dame de Paris doit être restaurée à l’identique, loin de toute idéologie et de toute immodestie politique », a-t-il noté.