À l’heure où les pouvoirs publics semblent avoir pris conscience que le délitement de l’action publique en faveur des jeunes a pris des proportions alarmantes, menaçant les bases du vivre ensemble et de la cohésion sociale, il nous a semblé nécessaire, vu notre position, de préciser et d’affirmer les fondamentaux qui devraient être collectivement stabilisés.

De quoi parlons-nous ?

Du choc générationnel, un problème qui nécessite une réinterrogation constante. Déjà sous Platon ou Socrate, les Anciens critiquaient les valeurs et comportements décadents de la jeunesse. Ce besoin de liberté nécessitant le dépassement des cadres établis est pourtant le ferment de l’innovation. Cette révolte représente la réaction vivante contre l’accoutumance à la fatalité. En préambule de la charte de la FEP, c’est bien ce refus de la fatalité qui guide notre réflexion. Du choc de la complexité, quand les composantes paradoxales du monde percutent une jeunesse fragile, peu soutenue par des adultes terrorisés par la perte de leur autorité. Les dégâts de ce choc de la complexité s’expriment avec les laissés-pour-compte, avec les victimes qui peuplent nos MECS, que menacent la prostitution, les addictions, les troubles du comportement et de l’apprentissage. Cette complexité, les adultes doivent la partager, et la traduire pour cette jeunesse déboussolée.

De la perte d’espérance  : quand les éducateurs spécialisés ne savent plus par quel bout prendre un dossier de jeune en danger, quand les étudiants pauvres dorment dans les voitures, quand 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme, avec l’obscure conscience – confirmée par les statistiques – qu’ils formeront demain les cohortes de Pôle emploi et, plus tard, des CHRS…

Cette perte d’espérance ne peut se tolérer sans une réaction majeure des adultes, car elle menace par elle-même notre avenir commun. Il va nous falloir apprendre le partage du fardeau que représente l’avenir sombre de notre planète ; il va nous falloir mobiliser toutes nos ressources pour arrêter la progression mortifère des inégalités, mêlées à la question des héritages que nous allons ou voulons laisser aux générations futures : cette volonté façonnera leur espérance… Entre perte de l’attention sociale, affaiblissement des droits de l’enfant, incapacité des adultes à parler d’une voix commune de nos limites (celles qui nous concernent et celles qu’il est nécessaire d’imposer aux jeunes), l’urgence est en effet grande, l’attente est immense…

Alors, que la FEP se saisisse, à sa manière, de ce danger qui menace notre projet profond  ; que la jeunesse puisse dire un jour à ses anciens : vous nous avez montré le chemin !