Xavier Emmanuelli, médecin réanimateur, a fondé le Samusocial de Paris en 1993, puis le 115, un an plus tard. Il revient pour nous sur les raisons de cette création, avec un regard lucide et confiant, malgré les obstacles toujours nombreux. Entretien dans le bureau de son fondateur, plus de 20 ans après sa création.

Quel était le constat de départ, au moment de la création du 115 ?

XavierEmmanuelli : Le Samusocial est né d’une nécessité : venir en aide à ceux qui ne sont pas en état de la demander, en venant vers eux. Le 115 est un des outils de ce dispositif d’urgence. Notre modèle était calqué sur celui du Samu médical, avec la même logique d’un parcours de soutien : mettre hors de danger, puis veiller aux étapes de convalescence.

Quel est le rôle des associations dans ce dispositif d’urgence ?

XE : Je suis un médecin urgentiste qui croit à la valeur du temps. Le 115 gère l’urgence, la mise à l’abri quand il y a danger. Ensuite, ce sont les associations qui prennent le relais, et contribuent au retour progressif à l’autonomie des personnes secourues. L’humain est avant tout un animal social ; c’est le lien qui est son véritable salut durable. L’esprit de la maraude est bien celui-là : aller à la rencontre de l’autre et prendre soin de lui. C’est l’étymologie du mot charité. […]