Avec qui composer un gouvernement ? Trouver un Premier ministre n’a pas été simple, sa première tâche s’annonce également compliquée. L’absence de majorité absolue le contraint à dialoguer avec différents groupes politiques afin d’intégrer des personnalités représentant des forces différentes et ainsi éviter un renversement. Michel Barnier sait depuis lundi 9 septembre qu’il pourra compter sur des membres de LR. Gérard Larcher, président LR du Sénat, a déclaré dans un entretien accordé au Figaro : « Le Premier ministre me semble avoir fait siennes nos propositions et je crois que nous pourrons participer au gouvernement ».

Jusque-là, le parti avait posé ses conditions, alors que le remplaçant de Gabriel Attal est issu de ses rangs. Récemment nommé chef des députés de La Droite républicaine (LDR), Laurent Wauquiez préférait auparavant une position de soutien sans participation au gouvernement, rappelle BFMTV. En fin de semaine dernière, après un rendez-vous à Matignon, il s’était ravisé. « On veut sortir la France du blocage et on a dit qu’on assumerait nos responsabilités », avait-il alors déclaré. Il avait ensuite expliqué que le futur gouvernement devrait s’atteler en priorité à la « revalorisation du travail », au redressement des comptes publics et à prendre à bras le corps les dossiers de l’immigration et de l’insécurité.

« Pas prêt à brader nos valeurs »

Les macronistes, eux, sont partagés. « Je serai vigilant à ce qu’on ne succombe pas à des emplettes issues du programme du RN », a prévenu Roland Lescure, ministre démissionnaire situé à gauche du parti Renaissance. Dans une interview donnée à Libération, il affirme qu’il n’accordera pas « automatiquement » sa confiance à Michel Barnier. Gabriel Attal, chef des députés du groupe Ensemble pour la République, a quant à lui appelé à « chercher à bâtir des compromis » avec son successeur. Et d’ajouter : « Notre devoir envers les Français et nos électeurs, c’est d’être dans une logique de construction et de refuser le blocage ». Il a cependant précisé : « On a le droit de dire que notre soutien ne doit pas être tenu pour acquis. On n’est pas prêt à brader nos valeurs ». Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur démissionnaire, est moins nuancé. Il estime que les membres du camp présidentiel ne peuvent pas « ne pas entrer dans le gouvernement ».

Les membres du Nouveau Front populaire, eux, ne devraient pas accepter de poste dans le futur gouvernement. Ils campent, en effet, sur leur décision de le censurer. Un choix qui s’explique par l’incompréhension après le choix de Michel Barnier par Emmanuel Macron. Le groupe LR étant arrivé en quatrième position aux législatives, alors que le NFP est arrivé en tête, sans toutefois obtenir de majorité absolue. « Je pense qu’aucune personnalité du PS ne sera dans son gouvernement, je n’ai aucun doute là-dessus », a affirmé Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, sur France Inter.

« Pas de blanc-seing »

Quid du RN ? Désormais fort de 126 élus à l’Assemblée nationale, le RN a fait savoir qu’il placerait Michel Barnier « sous surveillance ». Un rôle d’arbitre auquel la gauche ne croit pas. Pour elle, c’est sûr, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella a activement participé au choix de Michel Barnier en annonçant qu’il déposerait une motion de censure si Bernard Cazeneuve ou Xavier Bertrand était nommé Premier ministre. « Je ne suis pas DRH d’Emmanuel Macron », a répondu Marine Le Pen, qui, si elle ne censure pas immédiatement Michel Barnier après son discours de politique générale, ne lui accordera « pas de blanc-seing » pour autant. Éric Ciotti, fondateur de l’Union des droites pour la République, lui, a déclaré qu’il ne rejoindrait pas le gouvernement de Michel Barnier, puisqu’il n’aurait pas « les coudées franches pour diriger une politique qui restaurerait un ordre nécessaire dans la rue avec une baisse drastique de l’immigration ». « Moi ce que je pourrais soutenir, c’est si demain on engageait une réforme de la constitution sur les questions migratoires, approuvée par un référendum par les Français », a-t-il poursuivi.