L’accord de Bougival est-il enterré ? Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) a annoncé mercredi 13 août lors d’une conférence de presse rejeter l’accord de Bougival signé le 12 juillet dernier avec l’État, relate Le Monde.

Celui-ci prévoyait la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie », d’une nationalité calédonienne et le transfert de compétences régaliennes. Toutefois, l’accord empêchait la tenue d’un nouveau référendum sur l’indépendance et l’accès à la souveraineté, indique Libération.

Le FLNKS a donc indiqué « rejette[r] formellement le projet d’accord de Bougival, en raison de son incompatibilité avec les fondements et acquis de [sa] lutte », a expliqué Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne, l’un des principaux partis du FLNKS. Un texte que le mouvement estime par ailleurs « contraire à l’accord de Nouméa et porteur d’une logique de recolonisation », rapporte Libération.


Une « incompatibilité avec les fondements » du FLNKS

Les indépendantistes s’étaient réunis le samedi 9 août en congrès afin de prendre une décision concernant l’accord. Face à la possibilité, éminente, d’un rejet en bloc du texte, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, avait annoncé dimanche venir en Nouvelle-Calédonie durant la semaine du 18 août. Le ministre avait alors regretté le probable rejet de ce « compromis historique, fruit de mois de travail depuis février, d’échanges difficiles, avec toutes les délégations, y compris celle du FLNKS conduite par Emmanuel Tjibaou. », relate Outre-mer la 1ère. Il avait par ailleurs annoncé lancer un « comité de rédaction » afin de « clarifier l’esprit de l’accord, en particulier sur l’identité, la place et le rôle fondateur du peuple kanak dans l’histoire et l’avenir du territoire ».

« L’accord de Bougival est derrière nous », a insisté la présidente du Parti travailliste et membre du bureau politique du FLNKS, Marie-Pierre Goyetche. La syndicaliste a affirmé d’ailleurs que le mouvement ne « participer[ait] pas au comité de rédaction » proposé par le ministre. « Nous lançons un appel pacifique à nos forces vives pour dire stop à l’État s’il entend passer en force », prévient-elle par la suite. Le mouvement a en effet averti le gouvernement français « contre toute nouvelle tentative de passage en force », rappelant les émeutes provoquées en mai 2024 par la réforme du corps électoral qui avait fait 14 morts et plus de deux milliards d’Euros de dégâts.

Un accord définitivement enterré ?

Les Loyalistes et le Rassemblement, deux mouvements non-indépendantistes, veulent défendre coûte que coûte l’accord de Bougival. « Il demeure la seule voie viable pour sortir la Nouvelle-Calédonie de la situation critique dans laquelle elle se trouve », martèle la coalition selon des propos rapportés par Libération. Dans un communiqué de presse commun elle fustige par ailleurs la décision du FLNKS qu’elle perçoit comme « un reniement de sa signature » et une « nouvelle trahison de sa parole ». Les deux organisations proposent par ailleurs « la formation d’un comité ad hoc, composé de loyalistes et d’indépendantistes favorables à l’accord de Bougival, de membres de la société civile et d’experts », indique Outre-mer la 1ère.