Au détour d’un troquet, sous un pont ou en bord de Seine, des petites tentes bleues, vertes, grises ou autres pointillent les différents quartiers de Paris. En surplomb du canal Saint-Martin, quelques-unes d’entre elles s’entassent. De nombreux migrants, réfugiés, parfois mineurs, s’y retrouvent pour vivre dans le froid en espérant un jour trouver une place d’hébergement social. D’après l’association France Terre d’Asile, les maraudes ont permis de recenser pas moins de 663 tentes dans les principales zones de campement de la capitale, ce qui représente entre 985 et 1 723 personnes sans-abri. Un nombre au plus haut depuis six ans, rapporte Le Monde.

Dans les colonnes du quotidien du soir, Vincent Beaugrand, directeur de France Terre d’Asile, indique : « Ce n’est plus la hausse des arrivées depuis l’étranger qui explique l’importance des campements. La majorité des personnes qui y vivent ont une demande d’asile en cours ou ont déjà obtenu le statut de réfugié. Leur nombre élevé est le résultat d’une politique restrictive sur l’attribution des titres de séjour et sur l’hébergement. » En effet, le dispositif national d’accueil a perdu 6 500 places en 2025 et le gouvernement compte en supprimer près de 1 500 autres en 2026. Une hécatombe.

Mille mineurs isolés vivent à la rue en France

Pour le média Info Migrants, Mohamed raconte : « Tu vois toutes ces mèches blanches ? Je n’avais pas ça avant d’arriver à Paris. C’est apparu ici, à cause de tout le stress que je vis », témoigne-t-il. Il vit dans le quartier de la Chapelle à Paris. « Je dors deux heures par nuit », souffle le jeune homme de 25 ans. « La police, c’est très stressant. Quand ils viennent, on se met là, sur le trottoir en face », raconte-t-il en pointant du doigt la rue. Selon le recensement de Médecin du Monde, cinq opérations d’évacuations ont eu lieu entre le 14 juillet et le 4 août, avec à chaque fois son lot de destruction de tentes, couvertures, documents administratifs et vêtements.

En France, en juin 2025, selon une évaluation menée par la Coordination nationale jeunes exilés en danger (CNJED), plus de 3 200 mineurs étrangers isolés ou non accompagnés (MNA) sont en situation de recours pour faire valoir leur minorité devant un juge. Parmi ces derniers, plus de mille vivent à la rue. Une partie d’entre eux logeaient dans la Gaîté lyrique cet hiver avant d’en être délogés.