Le séisme annoncé a bien eu lieu. La commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) a rendu ses conclusions, mardi 5 octobre. Son président, Jean-Marc Sauvé, a annoncé qu’au moins 216 000 mineurs ont été victimes d’abus sexuels de clercs ou religieux entre 1950 et 2020, relatent Les Échos. Des chiffres qui concernent uniquement les personnes toujours vivantes et qui montent à “330.000 si l’on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l’Église catholique”.

Dès dimanche, le nombre de pédocriminels dans l’Église catholique avait été révélé par le JDD. Pour la même période, il est évalué entre 2 900 et 3 200 pédocriminels. Un chiffre minimum, dont ont principalement été victimes des garçons (80%) majoritairement âgés de 10 à 13 ans. La rapport précise également que 56% des violences sexuelles ont été commises entre 1950 et 1969. “Ces nombres sont bien plus que préoccupants, ils sont accablants et ne peuvent en aucun cas rester sans suite”, a déclaré Jean-Marc Sauvé, soulignant que les violences sexuelles recensées dans les milieux ecclésiaux restent cependant moins élevées que dans les cercles familiaux et amicaux. “L’Église n’a pas su voir, entendre, capter les signaux faibles”, a poursuivi le président de la Ciase.

L’“effroi”

Lors de la conférence de presse de présentation des conclusions de la mission Sauvé, Éric de Moulins-Beaufort a exprimé sa “honte” et son “effroi”. Le président de la Conférence des évêques de France (CEF) a promis que la parole des victimes “ne restera pas sans effet”, rapporte franceinfo. “Que dire, sinon éprouver un infini chagrin, une honte charnelle, une indignation absolue”, a commenté Véronique Margron, la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref). La Corref et la CEF sont les deux organismes à l’origine de cette enquête.

Avant eux, François Devaux, cofondateur de l’association de victimes La Parole libérée, avait pris la parole pour demander la refondation du “système [l’Église catholique] dans une proportion considérable. Au nom des victimes, Jean-Marc Sauvé avait auparavant estimé que “réparer” le mal fait aux victimes implique “la reconnaissance de la qualité de victime des personnes, par une institution indépendante mise en place par l’Église”. Et d’insister : “La question de l’indemnisation n’est pas un don, c’est un dû”. Une solution qu’il privilégie, selon franceinfo, par rapport à un éventuel allongement des délais de prescription.