Les résultats d’une étude sur la présence de polluants éternels (PFAS) dans l’eau potable ont été publiés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) mercredi 3 décembre. Selon l’Anses, « sur les 35 PFAS recherchés, 20 ont été détectés dans des échantillons d’eau brute et 19 dans des échantillons d’eau distribuée au robinet ». L’Agence se veut rassurante : « Les résultats de la campagne montrent que les concentrations des substances PFAS mesurées dans la grande majorité des prélèvements analysés sont inférieures aux limites règlementaires lorsqu’elles leur sont applicables ». Le TFA, l’acide trifluoroacétique, l’un des polluants éternels, a été détecté dans 92% des prélèvements d’eau potable, détaille l’Anses.
Le TFA, qui est un polluant éternel persistant, est issu de multiples sources industrielles comme les résidus d’un herbicide et la décomposition de gaz employés pour la réfrigération. Ce polluant est déjà dans le viseur des autorités sanitaires, rapporte franceinfo. En effet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) procède « au réexamen des valeurs maximales recommandées aux fins de la protection de la santé ». Elle s’inquiète des effets du TFA sur le foie, la fertilité et les fœtus. Selon l’Anses, la médiane de concentration de ce polluant éternel est 0,81 microgramme par litre d’eau. Pour l’instant, la « valeur sanitaire indicative » retenue par le ministère de la Santé est de 60 microgrammes par litre, en l’absence de réglementation.
Les effets des PFAS sur la santé
Le TFA ne figure pas dans la liste des 20 premiers PFAS que la France devra surveiller lors des contrôles de l’eau du robinet qui vont débuter le 12 janvier après une directive européenne adoptée en 2020. « Certains PFAS détectés lors de la campagne de mesure pourraient être intégrés dans le plan pérenne de surveillance de l’eau, comme le recommande l’expertise », a conclu l’Anses au moment de la publication de ces résultats. Réagissant à ces résultats, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir s’est interrogée sur les limites de qualité de l’eau en France. « Des États membres de l’Union européenne (Suède, Danemark, Pays-Bas…) ont choisi d’aller plus loin en imposant des limites de qualité plus restrictives pour la somme de 4 PFAS (PFOA, PFOS, PFHxS et PFNA) », note l’association dans un communiqué.
Plusieurs études ont pointé la dangerosité des polluants éternels sur la santé humaine. En août 2025, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) rappelait que les PFAS contaminaient la chaîne alimentaire et s’accumulaient dans les organismes vivants. L’exposition des femmes enceintes aux PFAS pourrait altérer la structure du placenta. Certains polluants éternels perturbent également le fonctionnement des systèmes hormonaux, entraînant des effets sur la fertilité. Ces polluants « modifient aussi le fonctionnement du foie, le métabolisme des lipides, l’action du système immunitaire, et pourraient jouer un rôle dans l’apparition de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Enfin, on les soupçonne d’être impliqués dans le développement de cancers », conclut l’INSERM.
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