Nouvel épisode dans le feuilleton des contaminations dans les eaux de l’usine Perrier dans le Gard. Après les révélations sur le traitement illégal de ses eaux minérales et de « contamination généralisée des sources d’eau » par l’entreprise, l’usine de Vergèze a de nouveau été épinglée par les autorités. Une mise en demeure lui a été adressée après un nouvel épisode de pollution liée à l’usage de produits chimiques. Nestlé a mis l’exploitation à l’arrêt depuis le jeudi 11 décembre, rapporte la cellule d’investigation de Radio France.

Selon les informations rapportées par France Info, la préfecture reprocherait à Nestlé d’avoir pollué la Vistre, la rivière qui longe l’usine. Dans un courrier recommandé datant du 10 décembre, une inspection faite au sein de l’usine la veille aurait conduit à l’arrêt de sa production par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Mais que reprochent les autorités à Nestlé ? Ni plus ni moins d’avoir dépassé trois fois, pour certains indicateurs, les seuils limites de rejets de produits chimiques dans les eaux du Gard. Les particules solides et les produits chimiques comme les concentrations en nitrates seraient rejetés en trop grand nombre par Nestlé.

Pas d’atteintes irréversibles dans les milieux aquatiques ?

L’horloge tourne pour Perrier qui dispose désormais d’un délai de seize jours pour se mettre en conformité et revenir sous les seuils d’émissions réglementaires. Autrement, la sanction financière voire la suspension de l’activité de l’usine pourrait tomber. « À ce stade, il n’y a pas d’atteinte irréversible au milieu, mais si l’activité de l’usine reprend et que les rejets se poursuivent, ils pourraient affecter sérieusement la vie aquatique », indique une source proche de l’affaire. Problème ? Ce ne serait pas la première fois que les seuils auraient été dépassés, et ce, sans que les autorités n’aient constaté l’incident. Contacté par Radio France, l’entreprise qui a fait 24,1 milliards d’Euros de chiffre d’affaires au premier trimestre 2025 admet avoir « identifié un dépassement au niveau de la station d’épuration ».

Elle ajoute plus loin : « le protocole habituel a été mis en place, ce qui peut inclure un arrêt temporaire. Cet arrêt n’a aucun impact sur la qualité de nos forages ni sur la sécurité sanitaire de nos eaux minérales naturelles, qui reste garantie ». Depuis janvier 2024, les épisodes de contamination se multiplient, rendant les affirmations de Nestlé peu crédibles. De plus, comme le rapporte le média Reporterre, le sénateur socialiste Alexandre Ouizille, également rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale à ce sujet, avait indiqué que l’Élysée savait depuis au moins 2022 que l’entreprise trichait et faisait « un usage trop important de filtration pour corriger la qualité des eaux Vittel, Contrex et Hépar ».