Depuis sa constitution en 1998, la Fédération de l’entraide protestante s’est donné pour triple vocation de rassembler, soutenir et représenter les associations et fondations protestantes engagées auprès des plus fragiles. Cette mission la conduit à être en relation régulière avec les pouvoirs publics, dans un dialogue qu’elle souhaite pragmatique, constructif et respectueux.

Mais que faire quand les valeurs et la foi qui nous animent sont mises à l’épreuve et que le cadre nécessaire à l’exercice de nos missions devient défaillant, voire maltraitant ?
Que faire quand notre conscience se révolte, quand de plus en plus de familles dorment à la rue, que le racisme s’affiche à ciel ouvert et que les dysfonctionnements se multiplient au cœur des organisations, par manque de moyens ou de personnel ?

Œuvrer pour le droit et à la justice

En tant que chrétiens, nous sommes touchés par l’appel du prophète Amos : « Faites jaillir le droit comme une source, laissez la justice s’écouler comme une rivière débordante ! » (Amos 5.24). Nous devons résister et protester devant tout ce qui défigure le visage de l’homme qui est à l’image de celui du Christ.

Conscient de ces enjeux et en cohérence avec la charte de la FEP qui déclare que « les membres de la Fédération de l’Entraide Protestante unissent leurs efforts pour rendre concrète et immédiate la solidarité dont ils proclament l’urgence et l’efficacité », le conseil d’administration a travaillé l’an dernier à structurer le plaidoyer de la Fédération pour en définir les principes et la méthodologie. En parallèle, la FEP s’est exprimée à de nombreuses reprises, en son nom ou avec des partenaires.

La FEP a interpellé le gouvernement face au projet de loi pour l’aide active à mourir. Ce projet s’oppose à l’éthique de nos institutions et de nos professionnels attachés à apporter « une aide active à vivre ». Il ouvre la voie à d’inquiétantes dérives.
La FEP s’est associée au collectif Le Revers de la médaille qui protestait contre les mesures d’évacuation des hôtels et l’éloignement forcé de la capitale des personnes en situation de précarité, dans les mois qui ont précédé les Jeux olympiques.
La FEP a pris position à plusieurs reprises contre le projet de loi asile immigration. Ce projet faisait reculer les droits fondamentaux des personnes en demande d’asile et contredisait les conventions internationales. La Fédération continue de défendre le développement des voies d’accès légales et sûres auprès des instances européennes, à Bruxelles ou à Genève.

Prendre le risque d’afficher ses convictions

Le théologien allemand Dietrich Bonhoeffer l’affirmait dans sa lettre de captivité du 3 août 1944 : « L’Église doit sortir de sa stagnation. Il nous faut respirer au grand air dans l a confrontation spirituelle avec le monde. Il nous faut même risquer de dire des choses contestables, pourvu que des questions vitales soient soulevées. »

Quand certains prétendent que la religion est affaire personnelle et ne doit pas se mêler de politique, les mots de Bonhoeffer nous rappellent que notre responsabilité de chrétiens est d’oser prendre position, de porter la voix de ceux qui sont laissés au bord du chemin, d’affirmer nos convictions en interpellant la société civile, les médias, le Parlement et le gouvernement.