En temps normal, on parle déjà d’isolement des seniors. Cette situation inédite de confinement vient la renforcer. On peut donc imaginer qu’elle est plus difficile pour les personnes âgées ?

Jean Bigoni : Les réactions à une situation donnée dépendent toujours des personnalités de chacun. Certains adorent les contacts sociaux et pour eux cette période est compliquée, d’autres ont tendance à les éviter et seront alors plus à l’aise dans ces circonstances. Certains encore vivent sereinement les relations de proximité ou la solitude. De plus, face à cette situation anxiogène pour tout le monde, chacun dispose de ressources propres, la « boîte à outils » plus ou moins fournie que nous avons tous pour affronter les épreuves de la vie.

Même en temps normal, les personnes âgées vivent davantage la solitude. Elles ont peut-être pu développer de plus grandes capacités d’exploration intérieure, de rencontre de soi que des personnes plus jeunes : spiritualité, créativité, méditation… Mais la solitude, si elle n’est pas choisie, n’en est pas moins une souffrance, être cloîtré dans sa chambre, ne pas savoir ou pouvoir utiliser Internet, ce qui est le cas de certain·e·s aîné·e·s en EMS, complique évidemment les choses en termes de ressources.

Certainement que cette période exacerbe l’anxiété liée à la mort. En temps normal, cette thématique prend, chez l’âgé, une autre teinte que chez l’adulte ou le jeune, plus palpable, plus présente.

De quelle manière ?

Il y a les personnes qui l’abordent frontalement : « Je ne vais peut-être pas passer Noël », « De toute manière, il ne me reste plus longtemps à vivre ». Ce qui est paradoxal c’est que c’est souvent l’entourage qui évite volontiers le sujet. Une réaction courante est de minimiser : « Allez allez, il faut être […]