Les études d’abord !

Si l’on se réfère à une récente étude de l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE), près d’un étudiant sur deux exercerait une activité salariée et, pour 88 % de ces étudiants salariés, c’est par nécessité. Nous sommes loin de l’époque où nous occupions des « jobs d’été » pour financer nos loisirs car il était inconcevable, dans des milieux « bourgeois », de donner de l’argent de poche à cette fin. Quand un travail salarié devient une obligation pour faire face à une certaine précarité, se pose le problème de la qualité du travail et de son adéquation avec les études poursuivies. Sans doute, pour les activités salariées liées aux études (formations en alternance ou internat en médecine pour prendre deux exemples), celles-ci font partie du cursus normal. En revanche, qu’en est-il de ces emplois proposés aux étudiants entre temps partiel et temps complet, exercés d’une façon régulière et qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses sur la qualité de la vie étudiante ? Le travail rémunéré prend alors le pas sur le temps consacré aux études proprement dites mais aussi à celui lié aux diverses activités autour de cette vie étudiante ; il devient alors  facteur d’exclusion. Quant à la fatigue engendrée par des emplois aux horaires décalés, elle n’est pas non plus un facteur de réussite ! Le système des bourses publiques ne semble pas remplir son rôle et serait sans doute plus efficace s’il permettait un revenu minimum garanti pour tout étudiant.

Un travail pour voir !

La grogne estudiantine est de mise depuis l’immolation d’un étudiant en novembre dernier. Les étudiants manifestent, notamment, pour une réévaluation des bourses. Elle leur permettrait d’éviter de faire des « petits boulots » alimentaires : servir chez MacDo, pédaler pour Uber Eats, faire de la manutention dans des hypermarchés… Mais c’est bien vite dénigrer ces « petits boulots ». Ils ont plusieurs intérêts à mon sens. D’abord, ils apprennent aux étudiants que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il leur faudra se battre et jouer des coudes pour arriver. « Rien n’est donné tout cuit », comme on dit. Ensuite, ces « petits boulots » permettent aux étudiants de se sensibiliser avec le monde du travail. L’université ne doit pas être seulement un moment d’approfondissement des connaissances intellectuelles. En parallèle de cela, et des multiples fêtes de décompression, l’étudiant doit pouvoir découvrir la réalité d’un travail avec des horaires, des missions, des ordres et une hiérarchie à respecter. Enfin, ces « petits boulots » permettent aux étudiants de se créer un réseau qui leur permettra peut-être d’assurer leurs arrières en attendant de trouver un travail dans leur filière et selon leurs compétences.