La rencontre entre la Première ministre, Élisabeth Borne, et les représentants des huit principales organisations syndicales a eu lieu ce mercredi matin. Elle a duré moins d’une heure les uns et les autres ayant camper sur leurs positions. D’un côté, la cheffe du gouvernement avait dit ne plus vouloir parler de la réforme des retraites. De l’autre, les syndicats n’imaginaient pas aborder d’autres sujets tant qu’ils n’auront pas obtenu son retrait. Ils n’avaient d’ailleurs pas hésité à affirmer qu’ils abrégeraient la réunion s’ils ne peuvent pas parler du recul de l’âge du départ à la retraite. Un scenario devenu réalité.

Dans la cour de Matignon, Cyril Chabanier, le président de la CFTC, a pris la parole au nom de l’intersyndicale. « Nous ne retournerons pas à la table des concertations comme si de rien n’était. C’est pourquoi nous appelons au retrait pur et simple de ce texte », a-t-il commenté. Il en a également appelé à « la sagesse du conseil constitutionnel, qui doit entendre la juste colère des travailleurs et des travailleuses ». Le porte-parole des organisations syndicales a poursuivi ainsi : « Nous appelons ces derniers à se joindre massivement aux cortèges dans toute la France pour dire non une onzième fois à cette réforme injuste et brutale », jeudi 6 avril. Les autres leaders ont ensuite pris la parole, appuyant les propos de Cyril Chabanier.

Détermination

Élisabeth Borne, qui n’aurait fait aucune proposition, doit toujours renouer le dialogue avec les partenaires sociaux et essayer d’avancer avec eux sur d’autres points liés au travail, rappelle Le Parisien. La dernière rencontre entre la cheffe du gouvernement et les syndicats datait du 10 janvier dernier, jour de la présentation du texte du projet de réforme des retraites. Le dialogue semble pourtant mal engagé. “Le texte est en cours d’examen au Conseil constitutionnel. On ne va pas s’arrêter là au milieu du barnum”, précisait mercredi matin un conseiller. Une preuve de la détermination du gouvernement.

“On s’attend à tout, y compris que les syndicats claquent la porte au bout de seulement cinq minutes”, assurait au quotidien Matignon. Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de la CGT avait annoncé la couleur. “Ça pourra être un entretien très court”, avait-t-elle déclaré. Un avis partagé par François Hommeril (CFE-CGC). Pour lui, “la pénibilité au travail, les carrières longues ou l’emploi des seniors, sont des sujets importants, mais ce n’est pas la priorité du moment”.

“À peine arrivés, déjà repartis”

Mardi 4 avril, les partenaires sociaux avaient préparé la rencontre, afin de parler d’une même voix et de faire front face à la Première ministre, fragilisée depuis le recours du 49.3 afin de faire passer en force le projet de réforme des retraites. “Elle va se prendre un mur monumental. Je vois déjà les déclarations de chacun sur le perron de Matignon. À peine arrivés, déjà repartis”, lançait au Parisien un membre du gouvernement, en amont de l’entrevue. Pour un ministre, la vraie question de la matinée était de “savoir si la CFDT va suivre quand la CGT va claquer la porte. Et de savoir si la CGT attendra que la CFDT ait parlé, et que Borne ait répondu, pour quitter la salle”. Les partenaires sociaux sont bien restés unis.