C’était loin d’être évident il y a encore quelques jours : Sébastien Lecornu devrait bien parvenir à éviter d’être censuré dès la semaine de son discours de politique générale. En effet, le nouveau Premier ministre a réussi à convaincre le parti d’Olivier Faure de ne pas appuyer sur le bouton pour le moment.
Pour y parvenir, il a été contraint de multiplier les concessions, la principale d’entre elles étant l’annonce, ce mardi 14 octobre, de la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027 : “D’ici à janvier 2028, aucun relèvement de l’âge ne sera mis en œuvre, comme l’avait expressément souhaité la CFDT. De même, la durée d’assurance restera fixée à 170 trimestres jusqu’à cette échéance”, a promis Sébastien Lecornu à la tribune de l’Assemblée nationale.
Une suspension qui a un goût de victoire pour les socialistes, qui la réclamaient depuis longtemps et ont fini par obtenir gain de cause. Par ailleurs, en permettant au gouvernement de rester en vie, ils sont désormais assurés d’avoir une véritable influence sur la feuille de route de ce dernier, pouvant le faire tomber à tout moment.
Le rôle central du PS
Sans les voix du PS, les motions de censure que déposeront le RN et LFI ce jeudi 16 octobre n’ont que très peu de chances d’être adoptées. En effet, Les Républicains ayant également annoncé qu’ils ne la voteront pas, à deux ou trois exceptions près, selon la porte-parole des Républicains Agnès Evren, il est difficile d’imaginer qu’une majorité de députés puisse voter l’une de ces motions.
Pour être adoptée, une motion de censure doit récolter au minimum 289 voix. Or, avec les voix de l’ensemble des députés LFI, GDR, Écologistes et RN-UDR, ces motions de censure ne récolteraient que 265 voix. Il faudrait donc au moins 24 députés issus du PS ou de LR qui ne respectent pas les consignes données par leur parti, ce qui paraît peu probable. Pour le moment, seulement trois députés socialistes ont annoncé publiquement qu’ils n’allaient pas respecter la consigne de leur parti, à l’image de Paul Christophle sur X.
Des concessions qui ont un prix
Pour obtenir la non-censure du PS, Sébastien Lecornu a donc choisi de mettre en pause la mesure phare du quinquennat Macron. Une concession qui a un prix, puisque le Premier ministre a évalué le coût de cette suspension, qui devra encore être validée par le Parlement, à 400 millions d’Euros en 2026 et 1,8 milliard d’Euros en 2027. Sébastien Lecornu a indiqué vouloir compenser cette mesure “par des économies ciblées”.
Au printemps, la Cour des comptes avait estimé qu’un maintien de l’âge légal à 63 ans représenterait un coût total de 13 milliards d’Euros pour les finances publiques à l’horizon 2035 : 5,8 milliards de dégradation du solde des retraites et 7,2 milliards de pertes de recettes publiques.