Les comportements adoptés lors de la hausse des prix de l’alimentaire persistent, malgré l’apaisement de l’inflation. Les consommateurs réduisent toujours le nombre d’articles dans leur panier, selon les données de Kantar Worldpanel publiées le mercredi 29 janvier. L’institut souligne que « les dépenses des Français pour leurs achats du quotidien ont diminué de 0,9 % entre 2023 et 2024 », que ce soit en supermarchés, en drive ou dans les circuits spécialisés.
Une évolution notable dans un marché des produits de grande consommation estimé à 120 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Les baisses de dépenses sont particulièrement marquées sur les produits d’entretien (-1,8 %), d’hygiène-beauté (-3,4 %), les boissons (-3,4 %) et les produits frais (-1,5 %), selon ces mêmes données. « Les niveaux de prix restant supérieurs à ceux de 2022, les consommateurs ne perçoivent pas la déflation en cours depuis juin », analyse Kantar Worldpanel. « Il n’y a pas un effondrement mais pas non plus la reprise de consommation qui aurait pu être attendue compte tenu de la déflation des prix observée depuis cet été », a analysé Gaëlle Le Floch, Strategic Insight Director pour Kantar et relayé par TF1.
Les consommateurs fréquentent davantage d’enseignes que par le passé
Les habitudes adoptées pendant le Covid-19 et l’inflation, caractérisées par des passages en caisse plus fréquents avec des paniers plus petits et davantage composés de produits à marque distributeur (MDD), « semblent se poursuivre », poursuit-elle. À cela s’ajoutent des « angoisses autour du pouvoir d’achat et du pessimisme par rapport à l’avenir », a observé Mme Le Floch, évoquant une sorte de « traumatisme des hausses de prix de l’alimentation » supérieur à « celui qui était connu depuis 30 ou 40 ans ».
Preuve d’une fragmentation des achats, les consommateurs diversifient davantage leurs points de vente qu’auparavant. Cela profite aux circuits spécialisés, qui concurrencent les supermarchés généralistes, aussi bien du côté des enseignes à très bas prix, comme Action, que des offres premium de produits frais, comme Grand Frais. Kantar observe également que « la fracture se confirme en termes de classes sociales et de pouvoir d’achat » et souligne que « 20 % des foyers ont du mal à boucler les fins de mois ». Parmi les consommateurs dont les achats ont le plus reculé, l’entreprise cite « les ouvriers, les agriculteurs, les professions intermédiaires et les familles avec enfants ».