Mon envie d’intervenir dans les prisons est venue de manière assez spontanée : j’ai grandi dans les quartiers et j’étais assez proche de la délinquance dans mes fréquentations, c’est un monde qui ne me fait pas peur et dont j’apprécie la culture. J’avais aussi envie d’aller visiter des gens qui n’ont pas eu de main tendue ni de base solide, d’aller à leur rencontre. J’ai commencé par un stage à Strasbourg où j’ai pu voir les différentes approches et accompagner tous les jours les aumôniers chrétiens, en particulier les aumôniers catholiques qui étaient une grosse équipe de 4 à 5 personnes.

Ensuite, j’ai demandé à être aumônière à Valence. Ça a été un long parcours car pour une femme, ce n’est pas vraiment accepté : la commission régionale était réticente mais les aumôniers se sont battus pour moi. La condition a été que je n’intervienne que chez les femmes … mais le quartier femmes de Valence a fermé et maintenant je ne visite plus que des hommes. Il y avait pourtant déjà des femmes chez les aumôniers catholiques : chez eux, des aumôniers hommes vont visiter les femmes détenues et des aumônières femmes vont visiter les hommes détenus, ça se fait dans les deux sens. […]