Il doit durer quatre semaines. Le procès du meurtre du père Hamel, assassiné il y a plus de cinq ans en pleine messe par deux jihadistes a débuté lundi 14 février. Le 26 juillet 2016, Abdel-Malik Petitjean et Adel Kermiche pénétraient dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, non loin de Rouen, tuaient le père Jacques Hamel et blessaient grièvement un fidèle.

Guy Coponet est l’homme qui, ce jour-là, a été durement malmené par les assaillants. Il avait 87 ans. Il en a aujourd’hui 92. “Ils m’ont demandé de monter à la hauteur de l’autel. Ils ont commencé par ouvrir, par-là [Guy Coponet fait le geste d’ouverture de sa gorge par un couteau], le dos, le bras. Et puis ils m’ont jeté sur le côté de l’autel. Quand je suis arrivé en bas, sur les marches, j’ai pris un bon coup sur les côtes”, explique-t-il à France Info. Il poursuit : “Alors j’ai serré le mieux que je pouvais ma gorge, pour éviter que ça saigne de trop. J’ai fait le mort. J’avais mal dans le dos… Mais je n’ai pas voulu bouger pour (éviter) qu’ils viennent me finir. Ça a duré un bon moment.”

Un “costume trop grand”

Si ceux qui sont responsables pouvaient demander pardon à tous ceux à qui ils ont fait de la peine, je pense qu’on aurait gagné notre journée”, a-t-il confié à 20 Minutes quelques instants avant le procès. Si les deux assaillants ont été abattus sur le parvis de l’église, trois hommes sont jugés pour “association de malfaiteurs terroriste criminelle”. Yassine Sebaihia, 27 ans, Farid Khelil, 36 ans, et Jean-Philippe Steven Jean-Louis, 25 ans, sont soupçonnés d’avoir aidé les terroristes ou d’avoir eu connaissance du projet mortifère, relate 20 Minutes. Ils encourent ainsi 30 ans de réclusion criminelle. Rachid Kassim, un quatrième accusé, est jugé par défaut puisqu’il est probablement décédé en Syrie, en 2017.

Lundi 14 février, au premier jour du procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, il n’a pas vraiment été question de pardon, note 20 Minutes. C’est Farid Khelil qui s’est exprimé le premier. Ce père de deux enfants, dont une fille qu’il ne connait pas, a décrit une vie sentimentale agitée, selon France Inter. L’homme de 36 ans est en détention provisoire depuis le 31 Juillet 2016. Il conteste les faits qui lui sont reprochés ainsi que tout rapprochement avec la sphère jihadiste : Farid Khelil se présente comme un gros consommateur de cannabis.

Mais c’est surtout le cousin d’Abdel-Malik Petitjean, l’un des deux terroristes. Farid Khelil dit l’avoir vu rarement. “Je ne le connaissais pas. On s’est vus une fois petits, puis je l’ai revu à l’enterrement d’un oncle, je l’ai logé chez moi”. Il parle d’une visite en mai 2016. Or il semble avoir oublié celle que lui a rendue son cousin en juillet, peu avant l’attentat, écrit France Inter. Il nie en bloc toute responsabilité dans l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray. “Le costume est trop grand pour moi”, a-t-il tenté de se défendre.