Entendu le 4 février par la cour spéciale, l’homme de 39 ans paraît hésitant : ses explications sont confuses, contradictoires, rapporte Le Parisien. Mais Abdellah Chouaa continue de nier : il dit qu’il ne connaissait pas la dérive radicale de Mohamed Abrini, son ami. Il est l’un des trois accusés du procès comparaissant libre. Le 23 juin 2015, il a accompagné celui qui deviendra “l’homme au chapeau” des attentats de Bruxelles à l’aéroport de Zaventem : un départ de Mohamed Abrini vers la Turquie pour rejoindre la Syrie.

La veille du départ, Abrini me dit qu’il va rejoindre sa copine. Il a un billet aller-retour, un séjour en pension complète. Il ne m’a jamais montré qu’il était radicalisé. Le soir, il jouait au bingo et buvait des bières. Quand il me demande de l’accompagner, je lui dis : ‘Pas de soucis’”, assure ce père de famille vêtu d’une veste noire. Pourtant, s’étonne la cour, Abdellah Chouaa avait, auparavant, fait des déclarations précises sur Abrini et sa consommation de vidéos de Daech, ses nouvelles fréquentations et ses conversations sur la Syrie. Abdellah Chouaa évoque, lui, la confusion après une interpellation, réaffirmant qu’il n’avait rien vu d’anormal chez son ami Abrini. “Tous les jeudis, on allait dans une soirée de salsa”, justifie-t-il.

“Je l’ai cru”

Quand Mohamed Abrini est parti, sa copine de l’époque est venue le voir, en pleurs, lui disant que son compagnon était parti en Syrie. “Quand Abrini m’a appelé je l’ai traité de clochard. J’avais perdu confiance en lui”, dit-il. Et de rappeler qu’il a dénoncé son ami à la police via un intermédiaire. Or les deux hommes continuent d’échanger par téléphone durant le séjour d’Abrini. S’il nie, il est suspecté de lui avoir envoyé de l’argent. Le 16 juillet 2015, Abdellah Chouaa se rend à Paris pour récupérer Abrini ayant atterri à Roissy.

Le lendemain de son départ vous comprenez qu’il s’est rendu en Syrie et non en Turquie, vous êtes très mécontent, vous déclarez même que si vous l’aviez su vous ne l’auriez pas accompagné, mais alors pourquoi vous acceptez d’aller le rechercher ?”, lui demande une assesseure. “Il m’a rassuré en me disant qu’il n’était pas allé en Syrie. Je l’ai cru. À l’époque ceux qui partaient ne revenaient pas”, s’est-il défendu.