Après neuf mois d’audience, c’est la dernière ligne droite. Depuis le lundi 20 juin, la cour d’assises spéciale de Paris voit plaider les avocats des accusés qui encourent les plus lourdes peines dans le cadre du procès des attentats du 13 novembre 2015. Outre Salah Abdeslam, l’unique survivant des commandos des attentats de Paris et Saint-Denis qui ont tué 131 personnes, Mohamed Abrini, Osama Krayem, et Mohamed Bakkali, notamment, moins connus du grand public, ont tous été visés par une peine de prison à vie lors du réquisitoire du Parquet national antiterroriste, note 20 Minutes.
Lundi 20 juin donc, les avocates d’Osama Krayem, soupçonné d’avoir projeté une attaque à l’aéroport d’Amsterdam le soir des attentats de Paris et Saint-Denis, ont demandé une peine “sévère” mais “juste”, relate Le Figaro. “On ne condamne pas un homme à la réclusion à perpétuité pour un attentat commis sur un territoire A (en France, ndlr) alors qu’à ce moment-là il se trouvait sur un territoire B (les Pays-Bas)”, a plaidé Me Stuyck.
“Cheville ouvrière”
Le Suédois de 29 ans a refusé à plusieurs reprises d’assister à l’audience. “Personne n’est ici pour essayer de comprendre ce qu’il s’est passé et avoir des réponses (…), nous faisons tous semblant. Ce procès est une illusion”, écrivait-il dans un courrier lu à la cour par son avocate, rappelle 20 Minutes. Parti en Syrie pour rejoindre Daesh en 2014, il avait ensuite été intégré à la cellule clandestine avant et après les attaques du 13-Novembre. Il était également présent sur une terrible vidéo de propagande de Daesh dans laquelle un pilote jordanien était brûlé vif, le parquet antiterroriste le qualifiant de “combattant aguerri” au sein de l’organisation terroriste. La perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 30 ans, a d’ailleurs été requise à son encontre.
Mardi 21 juin, c’est au tour des avocats de Mohamed Bakkali de plaider. En décembre 2020, ce Belgo-Marocain de 25 ans avait déjà été condamné à 25 ans de prison lors du procès de l’attaque du Thalys. Il est poursuivi, cette fois, pour avoir conduit le cerveau des attentats du 13-Novembre, Abdelhamid Abaaoud à Bruxelles durant l’été 2015. D’après 20 Minutes, il est aussi accusé d’être la “cheville ouvrière” de la cellule djihadiste des attentats de Paris et Saint-Denis. C’est la perpétuité accompagnée de 22 ans de sûreté qui a été requise contre cet homme.
“Des peines jamais à la hauteur de ce que nous avons vécu”
Le jeudi 23 juin, la défense va plaider pour Mohamed Abrini, le voisin et ami de quartier de Salah Abdeslam. Surnommé “l’homme au chapeau” puisqu’il avait fui lors des attentats de Bruxelles en mars 2016, il a reconnu qu’il devait normalement participer aux attaques du 13-Novembre : il était d’ailleurs présent la veille du massacre aux côtés des autres membres des commandos, rappelle 20 Minutes. Le lendemain, le vendredi 24 juin, ce sera le tour des avocats de Salah Abdeslam, dont le parquet a requis la perpétuité incompressible. Ils défendront le visage le plus connu de ce procès historique.
“Quand on dit que les peines ne seront jamais à la hauteur de ce que nous avons vécu, il ne faut pas le prendre dans le sens littéral. Ça ne veut pas dire qu’on revendique une peine supérieure. C’est simplement une réalité : aucune peine, aucune sanction judiciaire ne sera effectivement à la hauteur de la perte d’un enfant”, a commenté auprès du JDD Philippe Duperron, le président de l’association 13Onze15 Fraternité-Vérité qui a perdu son fils au Bataclan. Le verdict final est attendu le 29 juin.