Pas de nouvelles révélations et des questions toujours en suspens. Lundi 4 avril, des policiers étaient à la barre pour retracer le parcours de Salah Abdeslam, unique membre encore en vie des commandos terroristes, le soir des attentats du 13-Novembre. Comme le rappelle France Inter, ce dernier avait refusé de répondre lors de son interrogatoire sur la soirée du 13-Novembre, annonçant d’emblée à la Cour d’assises spéciale qu’il allait choisir de faire usage de son “droit au silence”. C’est donc un enquêteur de la section antiterroriste de la brigade criminelle qui, lundi, s’est chargé de revenir sur la fuite du terroriste le soir du carnage.
Il est près de 22 heures, ce soir-là, quand Salah Abdeslam gare sa Clio de location, au nord de Paris, après avoir déposé les trois terroristes du Stade de France. Le véhicule, mal garé et la portière ouverte, sera retrouvé le 17 novembre. “La Clio était, semble-t-il, en bon état de marche. Il aurait très bien pu rentrer directement en Belgique plutôt que d’attendre et de passer plusieurs heures en France ?” interroge l’une des assesseurs, citée par Le Parisien. “Il est possible qu’il ait décidé de faire quelque chose à Paris”, répond l’enquêteur BC025, par ailleurs à visage découvert.
Vers 22h30, Salah Abdeslam achète une puce électronique un peu plus loin. Il s’y serait rendu en métro. De là, un premier appel : à son ami Mohammed Amri. Abdeslam lui précise qu’il a eu un accident de voiture et lui demande de venir le chercher. Mais Amri, qui travaille au même moment au salut social de Bruxelles, décline. Puis Abdeslam appelle un autre ami : Hamza Attou.
L’air assez calme
“Comment Salah Abdeslam a-t-il obtenu le numéro de Mohamed Amri alors qu’il n’a plus sur lui de téléphone ? L’avait-il noté ou appris par cœur ? Pourquoi demander à Hamza Attou qui n’a ni permis ni véhicule de venir le chercher à Paris ?”, s’interroge RFI. On ne sait toujours pas. On sait par ailleurs que Salah Abdeslam porte encore son gilet explosif et qu’il se rend à Châtillon/Montrouge, en banlieue sud de Paris. Comment a-t-il traversé la capitale ? L’enquête ne permet pas de le dire. Deux hypothèses : métro ou taxi.
C’est vers 2 heures du matin que Mohamed Amri, qui vient de terminer son travail, accepte de venir le chercher, avec Hamza Attou. “Au moment de partir, ils savent l’un et l’autre que la capitale française a été frappée par un triple attentat, sans pour autant qu’on puisse affirmer qu’ils aient fait le lien avec la présence d’Abdeslam qui leur a parlé d’une panne de voiture”, écrit RFI. En attendant, Salah Abdeslam se réfugie dans un immeuble de Châtillon où il retrouve deux adolescents avec qui il partage un McDo. La discussion est banale et leur cohabitation durera près de trois heures, note Le Parisien. Les attentats sont évoqués. “Selon eux, il n’a pas tenu de propos véhéments. Il avait l’air assez calme même s’il était un peu préoccupé, retrace le témoin. Ils ont constaté qu’il s’isolait à chaque fois qu’il passait un appel pour ne pas être entendu.”
Le 14 novembre, à 5h37, Amri et Attou récupèrent le terroriste, qui n’a pas encore été identifié. Les deux hommes, ainsi qu’un troisième individu qui a assuré le dernier relais entre deux communes de Bruxelles, seront interrogés au procès dès le 11 avril.