“Je n’ai tué personne, je n’ai blessé personne”, a insisté l’homme en chemise blanche et masque blanc devant la cour, au début de son premier interrogatoire sur le fond du dossier, rapporte Le Parisien. Mercredi 9 février, le seul survivant des commandos terroristes qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis, Salah Abdeslam, a en effet, pour la première fois, longuement été questionné par la cour d’assises spéciale. L’homme de 32 ans a assuré avoir renoncé à “enclencher” sa ceinture explosive. A-t-il vraiment renoncé à actionner le mécanisme ou a-t-il dû faire face à une défaillance de son dispositif ?
“Depuis le début de cette affaire, on n’a cessé de me calomnier”, a déploré Abdeslam, selon Le Parisien. Il a jugé “extrêmement sévères” les peines prononcées en cas de condamnation maximale. “Je comprends que la justice veuille faire des exemples”, a-t-il concédé, regrettant néanmoins le “message” envoyé : “À l’avenir, quand un individu montera dans un métro ou un bus avec une valise remplie de 50 kg d’explosifs et qu’au dernier moment, il va se dire : ‘Je vais faire marche arrière’, il saura qu’il n’a pas le droit, sinon on va l’enfermer ou le tuer”, a dit le principal accusé.
“J’irai m’occuper de mes parents”
“Quand une personne n’a tué ou touché personne, on ne peut pas la condamner comme si on avait devant soi la tête de l’État islamique (EI). Et quand on est en prison, à l’isolement vingt-quatre heures sur vingt-quatre, en vérité, on se dit : ‘Est-ce que j’ai bien fait de faire marche arrière ou est-ce que j’aurais dû aller jusqu’au bout ?’ On se dit : ‘J’aurais dû l’enclencher ce truc !’”, a ajouté Salah Abdeslam, selon 20 Minutes.
Devant une salle d’audience pleine à craquer, il a précisé que son intérêt pour la Syrie était né en 2014. “C’est mon humanité qui m’a fait regarder vers la Syrie. Au départ, ce n’était pas religieux, j’avais de la compassion pour ces gens-là qui souffraient et moi, j’étais ici à profiter de la vie pendant que ces gens se faisaient massacrer. Je culpabilisais”, a-t-il raconté, toujours d’après 20 Minutes. Sur son frère Brahim Abdeslam : “C’est grâce ou à cause de mon frère, c’est lui qui m’a tiré vers ça. Je l’ai toujours écouté, je savais qu’il ne voulait pas mon mal, qu’il voulait mon bien […]. J’avais confiance en lui et je savais qu’il n’allait pas me conduire vers ma perte.”
Par ailleurs, il n’a rien renié de son idéologie. Il a expliqué avoir fait allégeance dans son cœur à l’EI. Pour autant, il estime ne pas représenter “un danger pour la société”. Après sept heures d’audience , il a reconnu : “Je suis épuisé, mes parents commencent à vieillir, si j’ai la chance de sortir, j’irai m’occuper de mes parents. Après, je partirai en Orient (…). Mais je ne vais ni blesser ni tuer personne, je ne l’ai jamais fait”.