« Aujourd’hui, je suis apaisé car j’ai retrouvé un semblant de vie sociale. C’est avec l’épée du parquet sur le cou que je m’adresse à vous. L’opinion publique pense que j’étais avec une kalachnikov sur les terrasses, que j’étais au Bataclan. Vous savez que la vérité est à l’opposé. Les assassins ne sont pas dans le box. J’ai reconnu que je n’étais pas parfait, mais je ne suis pas un assassin, je ne suis pas un tueur, et si vous me condamnez pour assassinat vous commettrez une injustice. » Tels ont été, rapporte L’Obs, les derniers mots de Salah Abdeslam, seul terroriste encore en vie des commandos mortifères des attentats de Paris et Saint-Denis ayant tué 131 personnes en novembre 2015. Les 14 accusés ont été invités à s’exprimer, lundi 27 juin, une dernière fois avant la délibération.

C’est ainsi que l’audience criminelle la plus longue depuis la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, environ dix mois après l’ouverture de ce procès historique, le 8 septembre 2021, note France TV. Pour rappel, le parquet avait requis, le 11 juin, des peines allant de cinq ans de détention à la perpétuité incompressible contre les 14 accusés, la plus forte ayant été réclamée à l’encontre de Salah Abdeslam. “Perpétuité, c’est sûrement à la hauteur des faits mais pas à la hauteur des hommes qui sont dans le box”, a commenté lundi Abdeslam.

“J’ai honte”

La salle d’audience était pleine à craquer et les parties civiles n’ont jamais été aussi nombreuses. Mis à part le Suédois Osama Krayem, qui est resté mutique pendant quasi tout le procès, la plupart des accusés ont eu des mots pour les parties civiles. Pourtant silencieux depuis des mois, Mohamed Bakkali, déjà condamné dans l’attentat déjoué du Thalys, a lancé : “Je voulais condamner fermement ces attentats et présenter mes excuses aux victimes. Je ne l’ai pas fait avant car j’avais l’impression que ces mots n’avaient pas de place face à leur douleur”. “Je ne sais pas si je peux souhaiter aux parties civiles d’oublier car je ne sais pas si c’est possible. Mais je leur souhaite de pouvoir tourner la page”, a pour sa part déclaré Sofien Ayari.

D’après Le Parisien, c’est avec émotion que s’est exprimé Abdellah Chouaa, l’un des trois accusés qui comparaissaient libres. “J’ai très peur de votre décision. J’ai tellement peur que vous fassiez une erreur. Je suis innocent. Je ne suis pas un terroriste, je ne l’ai jamais été”, a-t-il dit. Et de se tourner, en pleurs, vers Mohamed Abrini, qu’il a accompagné à l’aéroport pour un séjour en Syrie dont il a toujours assuré ignorer l’existence : “Franchement, je t’en veux Mohamed, je t’en veux frère. T’as détruit ma vie.” Mais il s’est surtout adressé aux parties civiles avec lesquelles, lui et les autres co-accusés libres, ont tissé des liens au cours du procès. “J’ai honte”, a-t-il lâché. “Que je sois reconnu innocent ou non, je resterai toujours un accusé de ce procès et j’en souffre”, soutient-il. Le verdict est prévu mercredi 29 juin, en début de soirée.