L’ex-président devient le premier ancien chef de l’État de la Ve République à se voir infliger une peine de prison ferme. « S’ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison, mais la tête haute », déclare-t-il à sa sortie du tribunal correctionnel de Paris, jeudi 25 septembre. Après des années de procédures, le couperet tombe : Nicolas Sarkozy est condamné à une peine de cinq ans de prison, 100 000 Euros d’amende pour association de malfaiteurs avec mandat de dépôt différé, rapporte Franceinfo. Il est également visé par une interdiction d’occuper une fonction publique et à une inéligibilité pendant une durée de cinq ans. L’ancien chef de l’État n’est pas sorti de l’audience les menottes aux poignets et il aura accès à des aménagements ou des réductions de peine en cas de condamnation définitive, comme tout justiciable.

Avant le prononcé des peines, Nathalie Gavarino, la présidente du tribunal, justifie cette mesure par « la gravité exceptionnelle des faits, de nature à altérer la confiance des citoyens en ceux qui les représentent ». Quelques heures plus tôt, il a été relaxé de trois chefs d’accusation : « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « recel de détournement de fonds publics libyens ». Il a été condamné pour « association de malfaiteurs ». Nicolas Sarkozy a annoncé faire appel. Il doit attendre le 13 octobre pour connaître les modalités de son incarcération par le Parquet national financier, selon une information du Canard Enchaîné.

« Je suis innocent »

Nicolas Sarkozy, accompagné de sa femme, Carla Bruni, déclare après avoir annoncé son intention de faire appel : « Pas de financement illégal de campagne, pas d’enrichissement personnel et la conclusion qu’en tire le tribunal, c’est que je dois passer cinq années en prison (…) La haine n’a donc décidément aucune limite. J’assumerai mes responsabilités » avant de proclamer « Je suis innocent ». Face à une forêt de micros, il continue : « Ceux qui me haïssent à ce point pensent m’humilier. Ce qu’ils ont humilié aujourd’hui, c’est l’image de la France. Et si quelqu’un a trahi les Français, ce n’est pas moi mais cette injustice invraisemblable à laquelle vous venez d’assister. » Carla Bruni écoute patiemment les déclarations de Nicolas Sarkozy, avant d’arracher la bonnette du micro du média en ligne, Mediapart. Ce dernier est à l’origine des révélations de cette affaire.

Sur LCI, Me Darrois, l’avocat de l’ex-chef de l’État, estime que le « parquet national financier a été d’une violence barbare.(…) Il y a peut-être des sentiments personnels, au moins au parquet. J’espère que ce n’est pas le cas chez les juges qui ont rendu cette décision. » Après s’être longuement entretenu avec son client, il rapporte qu’aller en prison « ne lui fait pas plaisir comme perspective ». Jean-Michel Darrois réclame sa remise en liberté « au plus vite », même s’il ira « très probablement » en détention.