Philippe Gabbai est neuro-psychiatre. Après des études de médecine à Montpellier, il est interne des hôpitaux, puis chef de clinique-médecin assistant des hôpitaux dans le service universitaire de psychiatrie. Il assure ensuite pendant près de 30 ans la direction des services médicaux de la fondation John Bost. Depuis 2001, il se consacre à l’enseignement (Lausanne, Montpellier), la formation et la supervision clinique dans de très nombreux établissements sanitaires et médico-sociaux.

Depuis une vingtaine d’années, la psychiatrie connait une révolution, dont on ne sait s’il faut se désespérer ou se féliciter !

Née en tant que discipline médicale vers 1810 en Allemagne, la psychiatrie a déjà connu des évolutions : initialement assez humaniste, elle devient vers la fin du 19e siècle asilaire et carcérale, très organiciste1, ce qui perdurera jusque dans les années 1940 avec la psycho-chirurgie ou les thérapies de choc. Cependant les découvertes freudiennes, la psychopathologie (les fonctionnements mentaux spécifiques aux maladies mentales) qui en découle en partie, la phénoménologie2, annoncent une nouvelle époque qui débute dans l’après guerre : l’humanisation des hôpitaux, l’apparition des médicaments psychotropes, la psychothérapie institutionnelle3, la politique de secteur4, entrainent une amélioration considérable du sort des malades mentaux. Pour beaucoup, cette époque est l’âge d’or de la psychiatrie.

C’est sur ce fond de dynamisme et de progrès certains que se produit, avec la crise économique, une bascule relativement brutale. Cela commence en 1980 lorsque […]