De quoi avons-nous du mal à nous séparer ?

L’attachement à l’immobilier reflète le plus souvent un attachement à des souvenirs. Ici ou là, des temples, des salles paroissiales, des maisons de retraite, des lieux d’activité de jeunesse, ont permis à des familles de se marier, de baptiser des enfants, de vivre des activités d’entraide ou d’église, de rencontrer son conjoint, d’accompagner ses parents dans la fin de vie. Chacun d’entre nous est chargé de ces souvenirs et les rattache souvent à un lieu géographique. Pour conserver le souvenir, préserver le lieu apparait comme la solution la plus simple. Pourtant, la préservation des biens immobiliers parait un investissement très lourd pour de nombreuses associations protestantes.

Comment faire vivre aujourd’hui quelque chose de transmissible ?

Il faut d’abord que les églises, les œuvres, les associations se posent la question de leurs besoins, de l’adéquation entre les activités et les lieux mais aussi de leurs capacités financières. Beaucoup d’entre elles n’arrivent plus à maintenir en état des biens qui sont devenus inadaptés (trop grands, inchauffables, avec de nombreux travaux pour maintenir l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, par exemple). Par contre, pour d’autres, les biens sont encore en bon état ou nécessitent peu d’investissement et continuent à répondre au mieux aux besoins.

Il faut également s’assurer de la conformité juridique et fiscale des situations. L’objet d’une association cultuelle (on parle aussi d’association 1905) est de permettre l’exercice d’un culte. Aussi ne peut-elle pas, en théorie, mettre à disposition ou louer un bien à une association 1901, par exemple une école ou un centre social, ou être propriétaire d’un bien de rapport. Dans tous ces cas, la Fondation peut contribuer à apporter des solutions.

Que doit-on faire des bâtiments de notre patrimoine ?

Quand les associations ou les institutions viennent voir la Fondation du protestantisme pour lui parler de leur patrimoine immobilier, ils ont, pour la plupart, déjà beaucoup réfléchi à ces questions ; elle est là pour les accompagner dans leurs projets plutôt que pour leur donner des règles générales ou théoriques.

Les solutions s’envisagent au cas par cas. Dans certains projets, elle a pu accompagner de belles remises en état de patrimoines anciens. À Etaules, en Charente-Maritime, les Diaconesses ont assuré des travaux de rénovation d’un ancien centre de vacances pour en faire une maison de retraite et un accueil pour familles de migrants, le tout dans une très belle maison ancienne. À Loperhet dans le Finistère, il a fallu reconstruire un EHPAD pour disposer d’un outil moderne et adapté.

Elle essaye aussi de valoriser des zones foncières mal exploitées. La Fondation individualisée Martin Bucer (EPUdF) a ainsi procédé à la démolition du siège des EEUdF à Clichy et à la vente d’une partie de la parcelle, ce qui a permis de construire des logements sociaux et des logements pour des pasteurs retraités.

Il n’y a pas de recettes toutes faites : on peut rénover, moderniser, mettre aux normes et valoriser des bâtiments qui ont une longue histoire ; mais on peut aussi vendre et reconstruire pour disposer de locaux neufs, modernes et complètement adaptés ou créer à partir d’un cahier des charges.