Les députés, en pleine étude du projet de budget 2026, ont adopté successivement deux mesures majeures : l’une visant à taxer davantage les bénéfices des grandes entreprises étrangères, l’autre ciblant spécifiquement l’activité des géants du numérique. Selon leurs promoteurs, ces dispositifs pourraient rapporter à l’État plusieurs dizaines de milliards d’Euros.

La première mesure est issue d’un amendement porté par La France insoumise. Celui-ci prévoit de taxer les bénéfices des multinationales en fonction de la part de leur activité réalisée en France, afin de lutter contre l’évasion et l’optimisation fiscale. Inspiré par l’association Attac, cet impôt universel pourrait rapporter environ 26 milliards d’Euros au budget de l’État, selon Éric Coquerel, député LFI et président de la commission des finances. L’objectif est d’empêcher qu’une multinationale réalise en France une part significative de son chiffre d’affaires, ou de ses ventes, tout en déclarant ses bénéfices dans des filiales situées dans des paradis fiscaux ou sous une imposition faible

L’autre vote marquant de la soirée, c’est le doublement de la taxe sur les services numériques, qui cible principalement les géants américains du secteur, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. Une mesure défendue par des députés de la majorité présidentielle, mais à laquelle s’oppose le gouvernement, pourtant issu du même camp.

Les macronistes impuissants

Le gouvernement, pourtant hostile à ces deux mesures, est resté impuissant. Au Palais-Bourbon, le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a tenté de dissuader les députés d’adopter l’amendement de LFI sur les bénéfices des multinationales. Le nouveau locataire de Bercy, en effet, a affirmé que ces mesures représentent « 20 milliards d’ennuis » supplémentaires pour la France.

Il a notamment plaidé pour attendre l’entrée en vigueur de la taxation mondiale minimale de 15 % sur les multinationales, soutenue par Paris et censée rapporter « 500 millions d’Euros dès l’année prochaine ». Mais son argumentation n’a pas convaincu la majorité des élus.

Le texte a donc été adopté, avec le soutien conjoint des autres partis de gauche mais aussi du Rassemblement national. À l’issue du vote, Roland Lescure a dénoncé un rapprochement contre-productif : « En votant ensemble cette taxe sur les multinationales, le RN et LFI s’allient contre l’attractivité de la France et, au final, contre l’emploi. La justice fiscale a laissé place à la surenchère fiscale, via une mesure inopérante et inapplicable. Renoncer au 49.3 suppose de la responsabilité, vote après vote. »