À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.
La parole
« Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. S’avançant vers le premier, il lui dit : “Mon enfant, va donc aujourd’hui travailler à la vigne.” Celui-ci lui répondit : “Je ne veux pas” ; un peu plus tard, pris de remords, il y alla. S’avançant vers le second, il lui dit la même chose. Celui-ci lui répondit : “J’y vais, Seigneur” ; mais il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté de son père ? » – « Le premier », répondent-ils ».
La Bible, évangile de Mathieu, chapitre 28, verset 31
Chemin de réflexion
La durée signifiante de l’engagement
À en croire notre texte, nombreux sont ceux qui disent d’abord « non » pour, tout compte fait, se montrer prêts à s’engager. Et si nous revenions vers eux ? L’engagement étant pris, la question se pose de sa durée. Sujet actuel dans notre société de l’événement, de l’instantanéité, du « grand coup », bref du « court-termisme » voire de l’éphémère plutôt que du durable.
Ainsi va le monde moderne et ses engagements aux dates limites de consommation extra courtes. Or nos établissements ont besoin de stabilité. La stabilité des personnels, comme celle des bénévoles, est un repère précieux pour celles et ceux que nous accueillons ; une expression de notre fidélité, de notre soutien, une source de confiance bienfaisante.
Le sens de la durée dans l’engagement devrait être évoqué, rappelé, promu – sans excès – quand des bénévoles se mettent au service d’autrui.
Pascal Hubscher, pasteur
Dieu compte sur moi
Dans ce petit texte, Jésus nous pose une bien curieuse énigme. Quel est le bon fils ? Difficile de choisir entre celui qui dit oui mais ne fait rien, et celui qui dit non mais agit ! Le premier, toujours prêt à « se faire bien voir », nous agace le plus souvent. Le second, le ronchon, le râleur, qui discute sans fin avant d’obéir, est un peu pénible à côtoyer…
Mais remarquons que Jésus ne tranche pas, il laisse la question ouverte. Il ne nous appartient pas de juger entre les gentils et les méchants, que ce soit parmi nos collègues, les bénévoles de nos associations, ou au sein de nos familles. Il ne s’agit pas de faire passer un test, un examen, à quiconque. En réalité, cette parabole ne nous parle pas des autres, mais de nous. Les deux fils cohabitent en nous, ils sont les deux facettes de nous-mêmes.
La vigne de notre commune humanité a besoin d’être entretenue, soignée, pour porter du fruit. L’urgence est là, et Dieu compte sur moi, sur nous, malgré nos atermoiements et nos difficultés à tenir bon. C’est lui qui met dans nos cœurs la joie de commencer et la force de persévérer.
Christine Renouard, pasteur. Église protestante unie de France
Oser tout réinventer
Difficile aujourd’hui de trouver des personnes, salariés ou bénévoles, qui s’engagent dans la durée. Plusieurs éléments contribuent à cet état de fait. Nous vivons dans une société du zapping, la priorité est « moi » et mon cercle proche, « je » veux être libre. Mais si l’année qui vient de s’écouler a accéléré le phénomène, il n’y a rien de nouveau.
Il est loin le temps des mariages pérennes et des emplois à vie. Notre société est en pleine mutation. Nous le savons, mais nous avons du mal à nous en sentir acteurs.
Les questions que nous devons nous poser : qu’est-ce que je peux changer pour donner envie aux salariés, aux bénévoles avec qui je travaille de rester, de s’engager ? Comment je peux modifier l’organisation de ma structure, sachant que les personnes ne vont pas rester longtemps ? Qu’est-ce que j’ai à offrir en termes de qualité de vie, de possibilité de progression, de partage de responsabilités, de choix de rythme de vie…? Un système collégial, une réorganisation de mon organisation, de mes plannings ?
On comprend, assez vite, que l’on peut être gagnant en remettant en cause nos certitudes et les choix qui en résultent. Ce sont des paroles de dirigeants ? Non, chacun à sa part de responsabilité. Soyons clairs lors d’une proposition de bénévolat ou de recherche d’emploi, en étant force de propositions. Nous vivons une époque formidable où tout est à réinventer !
Sylvie Arstam, AD’EVal, entraide de l’Église protestante unie en Vallée du Lot
Des mots pour prier
Notre Dieu, merci de nous appeler « tes enfants », de nous considérer avec tendresse, quelles que soient nos forces ou nos faiblesses, notre courage ou nos hésitations devant la tâche à accomplir.
En Jésus-Christ, qui seul a fait pleinement et sans réserve ta volonté, nous savons que tu pardonnes nos manques.
Aide les petits enfants que nous sommes à grandir dans la foi, dans l’espérance et dans l’amour.
Lorsque nous connaissons la joie de te servir, alors nous savons que nous sommes à notre juste place, celle que tu veux pour nous et qui donne la vie.