La semaine politique du 21 juillet a été marquée par l’annonce d’Emmanuel Macron de la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, l’éclatement d’un conflit armé entre la Thaïlande et le Cambodge, l’adoption d’une loi en Ukraine mettant fin à l’indépendance de deux instances anticorruption. Du côté du gouvernement français, la ministre de la Culture a été renvoyée en correctionnelle et le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’a cessé de marquer sa divergence avec le président de la République.


Emmanuel Macron annonce que la France va reconnaître l’État de Palestine

Le président de la République a annoncé jeudi 24 juillet sur les réseaux sociaux que la France allait reconnaître l’État de Palestine. Une position réaffirmée dans une lettre adressée au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Cette décision fait de la France le 143e État et le premier pays du G7 à reconnaître celui de la Palestine, selon un décompte de l’AFP. Emmanuel Macron a indiqué qu’il en ferait l’annonce officielle lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre prochain, réunion lors de laquelle il espère convaincre d’autres nations de se joindre au mouvement pour « apporter une contribution décisive à la paix au Proche-Orient », a déclaré le président français à celui de l’Autorité palestinienne.


Un choix que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, estime « récompense[r] la terreur » tandis que le président américain, Donald Trump, a déclaré que les propos d’Emmanuel Macron n’avaient pas « beaucoup de poids » et que la décision de reconnaître la Palestine « ne changera rien ».


Un conflit armé éclate entre la Thaïlande et le Cambodge

En Asie du Sud-Est, les États de Thaïlande et du Cambodge ont entamé jeudi 24 juillet un conflit armé, faisant plus d’une trentaine de morts et près de 200 000 déplacés. Les deux pays s’affrontent depuis des décennies à propos du tracé de leur frontière, fait lors de l’Indochine française, excluant ou incluant certains sites angkoriens dont le temple de Preah Vihear, à l’origine également d’un conflit en 2008 dans la région. Celui-ci est inclus dans le territoire cambodgien, notamment par une décision de la Cour internationale de justice de 1962, alors que la Thaïlande le revendique.


Samedi 26 juillet, le président Donald Trump est intervenu lors d’une tentative de médiation et a déclaré que les deux pays étaient prêts à discuter pour parvenir à un cessez-le-feu. Une promesse toutefois compromise par la reprise des tirs d’artillerie entre les deux pays dimanche matin. Le Premier ministre thaïlandais et son homologue cambodgien doivent toutefois se rencontrer lundi 28 juillet à Kuala Lumpur, en Malaisie, afin d’entamer des discussions en vue de rétablir la paix.


L’Ukraine met fin à l’indépendance de deux instances anticorruption

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a ratifié mardi 22 juillet une loi permettant de soumettre deux instances anticorruption – le bureau national anticorruption (Nabu) et le parquet (SAP) – au procureur général qui répond lui-même au président. Dans la soirée, des milliers de manifestants étaient pourtant descendus dans la rue pour protester contre la loi votée quelques heures plus tôt au Parlement afin de lutter contre l’influence russe. Cette nouvelle législation fait suite à l’arrestation d’un membre du Nabu accusé d’espionner pour le compte de la Russie. Un acte et une loi dénoncés par les associations anticorruption et les dirigeants à l’international. L’Union européenne s’est ainsi dite « préoccupée » par les mesures prises.


Rachida Dati renvoyée en correctionnelle pour « corruption »

La ministre de la Culture, Rachida Dati, ainsi que l’ancien PDG de Renault-Nissan, vont être renvoyés devant le tribunal correctionnel, ont annoncé des juges d’instruction, mardi 22 juillet. La ministre et maire du VIIe arrondissement de la capitale devra répondre de « recel d’abus de pouvoir et abus de confiance » ainsi que de « corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale », indique BFMTV.

Les faits qui lui sont reprochés remontent à 2009 alors que Rachida Dati était députée européenne. À cette période, elle aurait signé avec une filiale de Renault-Nissan une convention d’honoraires pour l’établissement d’un cadre juridique pour l’entreprise. Elle aurait touché pour cela 900 000 euros entre 2010 et 2012. Selon la prévenue, elle aurait exercé cette fonction sous sa casquette d’avocate, chose qui n’est pas interdite par le règlement de l’Union européenne. Un fait qui semble être contesté par le Parquet national financier qui estime que la ministre aurait « contourné » l’interdiction de lobbying et de conseil liée au mandat de députée. Rachida Dati a répondu à ce renvoi en correctionnelle par des invectives envers les magistrats, accusant une « procédure émaillée d’incidents ».


Les tensions s’aiguisent entre Bruno Retailleau et Emmanuel Macron

Le ministre de l’Intérieur et président des Républicains a créé des tensions avec le chef de l’État cette semaine. Tout commence par une interview accordée mardi 22 juillet par Bruno Retailleau à Valeurs Actuelles dans laquelle il déclare que le « macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron ». Le lendemain, des rumeurs de recadrage du ministre par le président en Conseil des ministres circulent, relate RTL. Jeudi 24 juillet, une entrevue entre Bruno Retailleau et le président de la République est finalement annulée. Le chef des Républicains a alors indiqué auprès de la presse n’avoir « aucune raison de quitter le gouvernement », « si la mission que nous nous sommes donnée reste conforme à l’intérêt national ». Il a également ajouté qu’il « n’abdiquera pas ses convictions ». Le jour même, le Premier ministre François Bayrou a appelé ses ministres à éviter « les divergences » expliquant que les membres de tous bords politiques étaient les bienvenus au gouvernement.