Comme un air de 2023. La réforme des retraites revient sur le devant de la scène alors qu’elle pourrait permettre de satisfaire certaines exigences de la gauche et des syndicats, en vue de trouver un terrain d’entente concernant la nomination d’un Premier ministre et d’un gouvernement qui contentera les différentes parties engagées, peut-on lire dans Le Figaro.
Celle qui a porté le projet il y a deux ans et l’a fait adopter via l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, Élisabeth Borne, ouvre même la porte à une suspension du texte, jugeant qu’il faut « savoir écouter et bouger ». Elle a été rejointe le 8 octobre par le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu, qui a estimé nécessaire de « trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites ». Mais comment se traduirait une telle suspension et quelles en seraient les conséquences pour les Français ?
Les conséquences de la réforme des retraites
Adoptée au printemps 2023 au prix d’une profonde fracture sociale, la réforme des retraites a grandement modifié le système français. Le texte a repoussé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, à raison de trois mois supplémentaires par génération jusqu’en 2030. Cette mesure, parmi les plus contestées du second quinquennat d’Emmanuel Macron, avait provoqué une mobilisation d’ampleur et durablement marqué le pays, rappelle également Le Figaro.
Outre le relèvement de l’âge légal, la réforme a aussi allongé la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein : de 168 à 172 trimestres d’ici 2027, soit 43 années de travail pour les personnes nées à partir de 1965. Suspendre la réforme aujourd’hui reviendrait donc à geler la progression en cours, fixant l’âge de départ à 63 ans au lieu des 64 ans prévus, sans pour autant revenir sur les effets déjà produits depuis sa mise en œuvre.
Que changerait la suspension du texte controversé ?
Évoquée par Élisabeth Borne comme une piste de compromis politique, la suspension ne signifierait pas une abrogation pure et simple. Selon Notre Temps, les générations déjà concernées – celles nées à partir du 1er septembre 1961 – ne verraient aucun changement. En revanche, une suspension dès 2026 pourrait geler l’âge de départ à 62 ans et 9 mois, soit un recul partiel du calendrier actuel, ou le stabiliser à 63 ans pour les générations suivantes.
Les conséquences financières, elles, seraient considérables. D’après les calculs de la Cour des comptes cités par Notre Temps, un gel à 63 ans coûterait environ 500 millions d’euros dès 2026, 3 milliards en 2027, puis près de 6 milliards en 2035. À terme, le déficit cumulé pourrait dépasser 13 milliards d’euros, poussant l’État à envisager d’autres leviers d’équilibre comme une hausse des cotisations, un allongement des durées ou une fiscalité accrue.