La culture religieuse recule. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à tourner le dos à la religion. En revanche, ils explorent les pratiques spirituelles. “Une partie des jeunes est devenue analphabète en matière de religion”, mais leur intérêt pour la spiritualité reste fort, explique Jean-Paul Willaime, sociologue des religions, au Monde. Une enquête de l’Insee sur la diversité religieuse, publiée en avril 2023 confirme l’éloignement croissant des Français de la religion. 

Désormais, ils sont 51 % à se déclarer sans religion. Une part qui grimpe à 67 % dans le cas des 18-29 ans. Une évolution qui n’empêche pas de s’intéresser à la religion et à la spiritualité. Le recul de la culture religieuse a commencé dans les années 1960. Il concernait alors les jeunes dont les parents étaient très croyants et pratiquants. Désormais, les 18-29 ans “sans religion” ont des parents également “sans religion”.

Manque de transmission de la culture religieuse

Si bien que la transmission de la culture religieuse ne se fait plus. Si le scoutisme a de nouveau le vent en poupe, il ne contribue plus de la même façon à la socialisation religieuse. Si bien qu’aujourd’hui, beaucoup peinent à comprendre le phénomène religieux. Une perte de savoir qui rend compliquée la compréhension des références culturelles religieuses, pourtant omniprésentes dans les œuvres d’art ou la littérature.

Dans un environnement social où les personnes sans religion sont majoritaires, une pratique religieuse devient non conformiste. À cela s’ajoute, un affaiblissement des institutions religieuses et de leur pouvoir d’encadrement. Si bien que les pratiques comme les trajectoires religieuses s’individualisent. Alors, les jeunes se mettent en quête de rendez-vous particuliers et de temps forts religieux (notamment dans le cadre scout) basés sur l’étude, la méditation, l’expression, les arts, le partage, etc.

Attachement à une laïcité inclusive

Cette évolution fait que les jeunes sont plus “ouverts” que leurs aînés à la religion. En tout cas, la désaffiliation n’empêche pas les jeunes d’intégrer le pluralisme culturel et religieux comme une norme de société. Et ce, qu’ils croient en un dieu ou non. Ils se distinguent également de leurs aînés par leur attachement à une laïcité inclusive, prenant en compte les différences “convictionnelles” et religieuses plutôt que d’essayer de les lisser.

Le Monde y voit donc un rapport décomplexé à la religion. Et des jeunes non croyants n’hésitent pas à afficher leur admiration pour leurs camarades qui le sont. Un intérêt qui les pousse parfois à se tourner vers la foi. Mais les baptêmes de jeunes adultes ne compensent pas la dégringolade du nombre de jeunes enfants baptisés. Aujourd’hui, les jeunes s’orientent vers des pratiques plus ou moins ésotériques, comme les néochamanisme, l’astrologie, ou le développement personnel comme la méditation ou les expériences mystiques voire des mondes fictionnels. Ils espèrent y trouver de quoi donner un sens à leur existence et des réponses à leurs questions concernant la vie et la mort.