À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.
La parole
Naamân est un général syrien. Il est atteint de la lèpre. L’une de ses esclaves, originaire d’Israël, lui parle de ce prophète, Élisée, qui pourrait le guérir.
Naamân vint avec ses chevaux et son char et s’arrêta à l’entrée de la maison d’Élisée. Élisée envoya un messager pour lui dire : « Va ! Lave-toi sept fois dans le Jourdain : ta chair deviendra saine et tu seras purifié. »La Bible, deuxième livre des Rois chapitre 5, versets 9 et 10
Chemin de réflexion
Vers l’autonomie
Les murailles de la ville de Jérusalem ont été démolies naguère par l’envahisseur. Le temple, qui structure la vie religieuse et sociale du peuple d’Israël, est lui aussi tombé. Il ne reste que des ruines. Quel malheur et quelle honte pour le peuple resté là, dépouillé ! Reconstruire un lieu de vie où l’on se sent bien, reconstruire des liens et du partage, c’est le souci de Néhémie. Il va s’y atteler, avec le peuple. Ils feront face à des résistances, mais ensemble ils tiendront.
Quand nous regardons notre société aujourd’hui, nous éprouvons parfois ce même sentiment de désolation. Les relations se tendent vite. La défiance s’exprime souvent. Le repli chez soi, avec les siens, prime sur le désir de l’autre, différent. Les opinions se font rigides.
Que reste-t-il du plaisir des rassemblements, de la joie de la rencontre, du partage convivial, des discussions vivantes ? Reconstruire de la confiance, de l’intelligence collective, de la fraternité, de la solidarité, pour redessiner ce monde. Ce sera bon !
Rémi Droin, pasteur, Toulouse Ouverture, To7
Un messager pour dire : « Va ! »
J’imagine assez bien le général vexé. Vexé parce qu’Élisée ne daigne même pas sortir de chez lui pour guérir, ou au moins pour donner lui-même une consigne à suivre, avec sa force de conviction et son pouvoir. Vexé. Heurté d’abord dans l’image qu’il se fait de son importance. Heurté peut-être aussi dans les représentations qui sont les siennes d’un « guérisseur ». Un messager ! Seulement un messager ! La secrétaire du chirurgien qui transmet la conduite à tenir ! Le bénévole de l’association qui donne la fiche avec laquelle il faudra se présenter ailleurs. L’éducateur qui montre sur un plan où aller s’inscrire sur les listes électorales. Seulement un messager.
Être le messager de celui (ou du principe) au nom duquel je dis à l’autre : « Va ! Voilà l’action à mener ! » N’être que le messager et en être heureux, à l’abri de la tentation de jouer les gourous qui nous guette tant, dans le social ou le médico-social. Quelle libération pour nous tous, professionnels et/ou bénévoles, d’être messagers « au nom de » !
Isabelle Bousquet, pasteur, Fondation John BOST
Accompagner
Le Seigneur montre à Naamân le chemin vers la guérison, mais lui laisse le choix de le suivre ou pas. Si nous affirmions « remettre les gens debout », nous nous arrogerions le pouvoir de décider à la place de l’autre ce qu’il convient de faire. Nous ne lui laisserions alors aucun espace de décision. Notre vision de son bien se heurterait à sa passivité.
Notre action auprès des familles migrantes vise d’abord à les aider à se relever. Non seulement nous voyons leur situation, souvent dramatique, mais nous voyons aussi et surtout comment elles peuvent commencer à agir. Au détour de nos rencontres, nous cherchons à les aider à redevenir actrices de leur vie, autant que faire se peut dans le contexte d’extrême précarité qui est le leur. Nous agissons en complémentarité, apportons des moyens pour que les personnes trouvent en elles-mêmes la force d’être, d’agir et d’avancer.
Florence Daussant-Perrard, Le DIAFRAT, Paris Ve
Des mots pour prier
Seul on va plus vite, ensemble on va mieux, et plus loin.
Seigneur, place sur notre chemin des hommes et des femmes qui nous permettront d’aller plus loin.
Debout, ensemble face à l’urgence, redonne-nous du souffle, une respiration pour mieux avancer, une inspiration pour construire avec nos frères et sœurs en humanité, mais jamais à leur place.
Debout, ensemble quand tout semble tanguer, nous voulons nous confier en toi, notre ancre, pour écrire notre vie à l’encre de ton amour.
Amen