Il a commencé dimanche dernier : le 1er janvier 2023. Le “Dry January” est un défi, c’est devenu une sorte de tradition. Il fait partie de la liste des bonnes résolutions de chacune et chacun après, notamment, d’éventuels excès au cours des fêtes de fin d’année. Concrètement, il s’agit d’une campagne qui consiste à passer le premier mois de la nouvelle année sans boire une goutte d’alcool. Instaurée par une association britannique en 2012, elle a été importée en France en 2020. 

Citée par L’Obs, Claude Rambaud, vice-présidente de la fédération d’associations France Assos Santé, qui promeut cette campagne, l’a un peu en travers : “On n’a pas d’aide gouvernementale (et) on est toujours sans moyens”, déplore-t-elle. Car, contrairement aux opérations similaires, à l’image du “mois sans tabac”, le “Dry January” n’a pas le soutien de l’État. “Ça n’a rien à voir avec ce qui se passe au Royaume-Uni où ils sont extrêmement soutenus par le gouvernement”, indique Claude Rambaud : en effet, cette initiative est le fait d’associations, lesquelles reprochent d’ailleurs à l’État de céder aux lobbys de l’alcool, écrit l’hebdomadaire

“Salutaire”

Si vous êtes une personne qui a un lourd problème d’addiction alcoolique, cette campagne ne s’adresse pas à vous”, explique encore Claude Rambaud à L’Obs. “Si nous promouvons ce mois d’abstinence, ce n’est pas pour ses éventuels effets massifs, mais parce qu’il permet à la majorité de la population, qui estime que l’alcool n’est pas un problème pour elle, de prendre un peu de recul et, de bonne foi, d’y prêter attention”, ajoute-t-elle. 

Le philosophe Guillaume von der Weid, interrogé aussi par l’hebdomadaire, estime que cette campagne est “salutaire”. Mais il est sceptique et se demande “si elle arrive au bon moment dans l’année”. Il précise : “L’idée d’une ‘pause’ qui suivrait les agapes alcoolisées de Noël et de la Saint-Sylvestre peut laisser penser que ce sont les excès qui sont nuisibles. Or, précisément, ceux-là ne posent pas de problème. L’alcool problématique est celui qui a cours toute l’année, par doses moins ‘spectaculaires’”. Et d’asséner : “On est dans le décorum, sans s’attaquer au fond du problème.” Pour rappel, 41 000 décès annuels en France sont attribuables à l’alcool. 

“Comprendre les motivations à consommer”

Dans une interview au journal Le Monde, Mickael Naassila, spécialiste en addictologie, met en avant les bienfaits d’une réduction, même limitée dans le temps, de l’alcool. Selon lui, “il y a aussi un côté ludique, avec un effet de contagion sociale. Il y a un vrai engouement. Le fait de remplir un agenda de consommation sur l’application est positif, cela peut être l’occasion de comprendre les motivations à consommer.” En somme, le “Dry January” “permet de gagner du capital santé”, dit-il.