« Une attaque sans précédent contre des humanitaires et des rescapés », s’insurge l’ONG de sauvetage en mer, SOS Méditerranée, dans un communiqué après l’attaque de son navire, l’Ocean Viking, dimanche 24 août, par des garde-côtes libyens. Selon l’association, le bateau se trouvait alors dans les eaux internationales, à 40 milles des côtes libyennes, avec 87 personnes venant d’être secourues à son bord.

« Des tirs incessants pendant au moins vingt minutes »

Aux alentours de 15 heures, l’Ocean Viking aurait été approché par un navire patrouilleur des garde-côtes libyens qui lui a demandé de quitter la zone avant d’ouvrir le feu. « Sans aucun avertissement ni ultimatum, deux hommes à bord du patrouilleur ont ouvert le feu sur notre navire humanitaire, nous soumettant à des tirs incessants pendant au moins vingt minutes », déplore l’association.
Les coups de feu auraient été portés « délibérément » vers les membres de l’équipe. « L’attaque a causé des impacts de balles à hauteur de tête, la destruction de plusieurs antennes, quatre fenêtres brisées sur la passerelle et plusieurs balles ont touché et endommagé les trois bateaux de sauvetage rapides (RHIBs), ainsi que d’autres équipements de sauvetage », indique SOS Méditerranée.

Le navire fait désormais route vers Syracuse, en Sicile, afin de « débarquer les 87 personnes rescapées et d’effectuer les réparations indispensables nécessaires ».

Un cas qui n’est pas isolé

Dans son communiqué, l’association a fustigé l’action des garde-côtes libyens, qui ne serait pas un « acte isolé ». L’ONG déplore « le long passé de comportements irresponsables » de la Garde-côtière libyenne « qui mettent en danger des vies humaines en mer, violent de façon flagrante les droits humains et témoignent d’un mépris total pour le droit maritime international ».

Des actions soutenues, à en croire l’organisation, par les États européens. « Le patrouilleur utilisé lors de l’incident avait été offert par l’Italie en 2023 dans le cadre du programme européen “Support to Integrated Border and Migration Management in Libya” (SIBMMIL) », soutient SOS Méditerranée. Depuis 2017, l’Union européenne (UE) finance à hauteur de plusieurs millions d’Euros ce programme destiné « à renforcer les capacités des autorités libyennes compétentes dans les domaines de la gestion des frontières et des migrations », précise le site de l’UE. Un moyen pour l’Union de laisser le soin aux garde-côtes libyens de refouler les embarcations de migrants vers la Libye alors que l’ONU dénonce depuis plusieurs années les exactions menées à l’encontre des migrants, relate Le Monde.

Face au comportement des garde-côtes libyens, Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerranée France, a exigé « une enquête complète sur les événements d’hier après-midi et que les responsables de ces attaques mettant nos vies en danger soient traduits en justice ». « Nous exigeons également la fin immédiate de toute collaboration européenne avec la Libye », a-t-elle indiqué dans le communiqué de l’association.