Par Catherine Fleuriet, psychologue clinicienne, membre du conseil de maison de la Maison Ouverte, et Brigitte Hebert, praticienne Feldendkreis

L’injonction de distanciation sociale dans la sphère publique, ainsi que le port de masques, a des incidences sur l’équilibre somatique et émotionnel des femmes et des hommes. La situation actuelle engendre de l’inquiétude, du stress pour chacun d’entre nous. Que ce soit concernant l’état de santé de proches ou de nous-même et les questionnements sur l’avenir et son lot d’incertitudes politiques, économiques et sociales.

Chez les humains que nous sommes, nous avons besoin de réconfort, de soutien, d’appui, pour traverser des périodes difficiles. Les attitudes de réconfort s’expriment par la parole, l’écoute et le langage corporel. Le soutien d’un sourire, d’un regard et le réconfort des bras ! Avec le port des masques qui entrave la libre expression des mimiques du visage, qui modifie la fluidité de la voix, la communication est réduite. Avec la distanciation de 1,50 mètre, pas question de prendre l’autre dans ses bras !

Du bébé à l’adulte

Dans notre société actuelle, le contact par le toucher est souvent associé à la sexualité donc refoulé. Or, l’adulte a besoin de toucher, d’être touché. Le toucher est un organe des sens aussi important que la vue et l’ouïe ! Dans le développement du bébé, la pulsion d’agrippement, de fouissement est essentielle dans la mise en place de l’allaitement puis de l’alimentation. La mise en contact du corps de l’enfant et de l’adulte permet au besoin d’attachement de partir à la recherche de l’autre ! La dialectique attachement-découverte/ détachement-séparation se met en place… pour la vie !

Dans la période de confinement, seuls les adultes qui vivaient en couple et en famille « sous le même toit » pouvaient satisfaire ce besoin de rapprochement, de contact et de réconfort. Encore faut-il que leur relation soit aimante. Les autres ont du attendre… de retrouver leurs proches ou de rencontrer « l’âme sœur »… post confinement !

Dans la relation amicale, vraie, sans connotation sexuelle, les adultes expérimentent et vivent une profonde relation à l’autre. Chacun assure une présence à l’autre (et à soi-même) où son être est engagé au niveau affectif, émotionnel et sensoriel ! Les besoins de proximité, de tendresse, de contact corporel s’expriment dans la réciprocité et l’acceptation. Cette période de privation du toucher peut entraîner des résurgences de carences affectives infantiles liés au manque de relation soutenante à l’autre. Un ressenti de lâchage, d’abandon peut surgir et entraîner des états anxieux. Sensation de « décramponnage », chargée d’angoisse.

Comment trouver en soi les ressources pour traverser des périodes comme celle-ci ? Comment vivre l’intentionnalité de la recherche vers l’autre avec une gestuelle restreinte ? La relation aux animaux de compagnie permet d’exprimer de la tendresse…