Sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement TikTok, les promotions 2021 et 2022 de bacheliers sont nombreux à publier le script de leur entretien. En partageant ainsi l’intégralité de leur sujet du grand oral, ils veulent donner un coup de pouce aux candidats au bac. Une pratique source de triche. Comme l’explique Libération, les élèves de terminale en panne de sujet risquent de reprendre ceux traités par leurs prédécesseurs. Instaurée en 2021, la nouvelle épreuve permet au candidat de montrer sa capacité à prendre la parole en public. Selon Éduscol est le site internet officiel français d’information et d’accompagnement des professionnels de l’éducation, l’épreuve offre au futur diplômé “l’opportunité d’utiliser les connaissances liées à ses spécialités pour démontrer ses capacités argumentatives et la maturité de son projet de poursuite d’études, voire professionnel”.
Mais dans la pratique, les choses sont plus compliquées. Beaucoup de lycéens confrontés au grand oral sèchent. Déjà passés par là, les bacheliers des deux dernières promotions veulent les aider en diffusant le sujet qu’ils ont présenté pendant vingt minutes. Cette année, l’épreuve a débuté le lundi 19 juin. Les derniers candidats au baccalauréat 2023 seront entendus le vendredi 30 juin. Une bachelière raconte : “Je n’arrivais pas à trouver de sujet et je ne savais pas vers qui me tourner. Alors, maintenant que j’ai le bac, j’ai voulu jouer la grande sœur.” Pas dupe, la jeune femme sait “que certains le reprennent mot pour mot. Il y en a même qui me reprochaient de ne pas avoir publié ma conclusion, alors que c’était un oubli de ma part. Moi, je fais ça pour aider. Le reste ne me regarde pas”.
Sanctions disciplinaires et pénales
Dans ce cas, la triche flirte avec le plagiat. Et qui dit plagiat, dit possibilités de sanctions disciplinaires et pénales. Si le ministère de l’Éducation nationale estime que certains sujets peuvent se ressembler d’une classe à l’autre, il assure que – pour le moment – aucune tricherie systémique n’a été remarquée.
David Boudeau, président de l’Association des professeurs de biologie et géologie (APBG), ne partage pas cette vision des choses. “Des sujets reviennent davantage. Dans les matières scientifiques, par exemple, on a observé l’an dernier que beaucoup d’oraux parlaient de problèmes musculaires ou de maladies neurodégénératives”, précise-t-il. L’enseignant estime que la triche, liée au partage de sujets sur les réseaux sociaux, pose autant de problèmes que “les sites donnant toutes les clés en main pour réussir, ou l’intelligence artificielle”.
Un système de notation à revoir ?
Si bien que certains s’interrogent à propos du fait de laisser les élèves choisir les sujets. “La découverte de l’intitulé de l’oral le jour de l’examen serait intéressante. Cela impliquerait que les lycéens se replongent dans les programmes scolaires, un peu comme on le voit lors de l’oral de français”, argumente David Boudeau. Les critères d’évaluation sont également remis en question. “Les trois-quarts de la notation se concentrent sur la forme et le fait de réussir à s’exprimer. Le fond, lui, est relégué au second plan. Donc on perd en qualité, avec des notions à peine abordées et des élèves qui n’ont pas développé de connaissances. Tout devient de plus en plus standardisé”, détaille le professeur.