Nous, les chrétiens, sommes un peu experts de la conversion…» En débat avec Jean-Luc Gadreau, Martin Kopp (président de la commission Écologie et Justice climatique à la FPF) et Laura Morosini (présidente de Chrétiens unis pour la Terre et directrice Europe du mouvement catholique Laudato si’) réfléchissent sur la légitimité chrétienne à agir pour limiter le changement climatique.

Écouter l’émission Solaé Le rendez-vous protestant (29 mai 2022, présenté par Jean-Luc Gadreau et réalisé par Delphine Lemer).

Jean-Luc Gadreau: Le 4 avril dernier est paru le rapport du troisième groupe de travail du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), faisant naturellement suite aux deux précédents qui abordaient respectivement l’état des lieux de la crise climatique et les impacts du changement climatique en s’intéressant aux enjeux d’adaptation et de vulnérabilité. Ce dernier volet étudie pour sa part les scénarios de baisse de réduction des gaz à effets de serre pour limiter le changement climatique, autrement dit les moyens d’action.

À cette occasion, il m’a semblé intéressant de recevoir deux personnes engagées véritablement sur la question:

Martin Kopp, théologien écologique protestant, chercheur associé à l’Université de Strasbourg, membre du conseil et président de la commission Écologie et Justice climatique à la Fédération protestante de France,

et puis avec lui Laura Morosini, ancienne chargée du Plan climat de la Ville de Paris, cofondatrice et présidente de Chrétiens unis pour la Terre, ex-secrétaire générale d’Église verte et puis aujourd’hui directrice Europe du mouvement catholique Laudato si’.

Nous avons déjà eu plusieurs fois l’occasion ici d’aborder la légitimité de l’agir chrétien pour l’écologie et nous nous focaliserons donc davantage ce matin sur l’action mais, Laura Morosini, peut-être pourriez-vous quand même dire un mot sur cette légitimité, cette nécessité, même?

Laura Morosini: Pour moi, c’est une nécessité instaurée par Jésus lui-même qui résume ce commandement dans le fait de s’aimer les uns les autres, d’aimer notre prochain comme nous-même. À l’heure de la mondialisation, la question se pose de qui est notre prochain, de qui nous sommes censés devenir le prochain. Ce n’est pas seulement le voisin, celui qu’on croise, mais c’est aussi celui qui est à l’autre bout du monde et qui subit les conséquences de nos choix de consommation: la personne qui habite la Malaisie et dont les rivières sont polluées par nos déchets plastiques, celle qui doit quitter sa […]