Dans un rapport dévoilé mardi 19 novembre, l’UNICEF France a alerté sur les inégalités et le sentiment d’exclusion sociale que ressentent les enfants. Ainsi, après avoir interrogé 20 000 enfants de 6 à 18 ans, la consultation nationale de l’agence de l’ONU a révélé que 22,8% des enfants subissent des privations alimentaires et ne mangent pas trois repas par jour. Plus largement, 16,2% des répondants sont en situation de privation matérielle et plus d’un quart (25,4%) sont confrontés à des privations dans l’accès aux savoirs. De plus, 19,2% ne passent jamais ou rarement du temps avec des amis en dehors de chez eux et de l’école. « Le caractère cumulatif de ces privations augmente le sentiment de dévalorisation, voire de mise à l’écart », a indiqué l’UNICEF dans son rapport.

Ces privations sont souvent associées à un déficit de protection, ressenti par 12% à 22% des participants. Dans le détail, 22,1% des enfants interrogés affirment être stressés ou angoissés. Plus d’un tiers d’entre eux a été victime de violences : 31,3% ont subi des violences verbales de la part d’enfants ou d’adultes. De plus, 30% ont subi des violences physiques de la part d’autres enfants ou adolescents et 13,1% de la part d’adultes. « Les enfants et adolescents en situation de privations matérielles ont 2,7 fois plus de risque d’être confrontés à un déficit de protection », a mis en garde l’UNICEF.

Des facteurs qui mènent à l’exclusion sociale des enfants

Les enfants et adolescents interrogés ont aussi fait part du rejet social auquel ils sont exposés. Ainsi, 11,1% des 6-18 ans n’ont pas le sentiment de compter pour leur entourage, et pour la société plus globalement. Plus d’un quart d’entre eux (25,4%) n’ont pas le sentiment d’être écoutés par les adultes de leur école et 16% estiment que leurs droits ne sont pas respectés dans leur ville ou leur quartier. « Le rejet social s’articule et se cumule, souvent, avec les privations et le manque de protection », a analysé l’UNICEF dans son rapport de consultation nationale. « Les privations, le déficit de protection et le rejet social sont les trois dimensions structurelles, à la fois distinctes et complémentaires, de l’exclusion des enfants et adolescents », a expliqué l’UNICEF.

L’enquête a également mis en lumière des facteurs aggravants qui peuvent mener à l’exclusion sociale. Les enfants vivant en famille monoparentale sont plus exposés que les autres aux privations, au déficit de protection et au rejet social. De même, les jeunes résidant en quartier dits « prioritaires » sont nettement plus défavorisés que les autres. Enfin, les enfants hébergés ou vivant en institution sont plus vulnérables à la pauvreté et à l’exclusion sociale. Dans son rapport, l’UNICEF préconise, entre autres, de faire de la lutte contre l’exclusion sociale des enfants une priorité gouvernementale. L’agence demande également de poursuivre les actions en faveur d’une meilleure mesure de la pauvreté des enfants et de se concentrer sur l’accompagnement des familles monoparentales et sur les quartiers dits « prioritaires« . « La privation des droits, particulièrement en matière d’éducation et de protection, est inacceptable. Ces enfants ont le droit à un avenir, et il est de notre devoir de leur offrir les moyens de le construire », a déclaré Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.