Des trois missions que nous nous sommes données, le plaidoyer est certainement celle qui nous demande à tous, Fédération comme adhérents, le plus d’engagement. Accaparés par le quotidien de l’action, nous avons bien du mal à prendre de la hauteur et à trouver encore un peu d’énergie pour construire cette strate supplémentaire et souvent complexe.
L’action protestante ne se résume pas à mettre des pansements sur les blessures du monde ; elle a toujours cherché à en dénoncer les causes et à agir sur elles. Contrairement aux trois singes de la sagesse asiatique qui se bouchent les oreilles, la bouche et les yeux pour se prémunir du mal, la FEP a pour modèle les prophètes des temps bibliques. Elle garde les yeux ouverts et aspire à porter la voix des sans-voix, pour que les choses changent. Capable de fermeté, de se positionner contre les injustices, elle ne tombe cependant jamais dans la radicalité et l’opposition systématique, mais propose des alternatives constructives.
Il est ainsi dans notre mission de rester éveillés, et notre travail de plaidoyer est, d’abord, un travail de veille. Si le protestantisme, comme l’a rappelé le président, est la vigie de la République, les associations d’entraide sont en première ligne. Sinon, face à ceux qui défendent des intérêts particuliers, avec parfois des moyens considérables, l’appui des médias et de lobbyistes professionnels, qui défendra l’intérêt général ?
Les associations de solidarité revendiquent des moyens pour lutter contre les injustices et la précarité. En insufflant du sens à leurs actions, le plaidoyer qu’elles portent soutient les équipes soucieuses de rester militantes dans des institutions qui, par leur technicité et les contraintes économiques, tendent à se dévitaliser. Il trace les chemins permettant de résister à la tentation du repli sur soi, de garder les oreilles, la bouche et les yeux ouverts.
Pour porter ce plaidoyer, il faut des idées, du temps, des moyens matériels, humains et financiers, mais surtout des convictions fortes !