Avoir un regard protestant sur la question de la laïcité ne peut faire l’économie de la subjectivité. Il doit aussi proposer des solutions acceptables pour tous.
Il est généralement admis que les protestants français ont des affinités électives avec la laïcité et qu’ils ont, avec d’autres, joué un rôle non négligeable dans le processus historique de laïcisation à la française. Processus qui a sans doute des racines extrêmement lointaines et profondes mais qu’on peut suivre au moins depuis la Révolution jusqu’à aujourd’hui en passant par la fameuse loi de 1905, dite de séparation des Églises et de l’État dont les grands principes et la philosophie inspirent encore directement notre droit et notre pratique de la laïcité.
Mais cette pratique est-elle tout à fait la même aujourd’hui, les protestants ont-ils aujourd’hui ces mêmes affinités avec elle ? Jouent-ils, peuvent-ils jouer un rôle particulier dans la manière de comprendre et de faire vivre la laïcité en France aujourd’hui ?
La question des aménagements techniques possibles ou souhaitables de la loi de 1905 est évidemment intéressante et la FPF a déjà communiqué sur ce sujet, de même qu’on pourra méditer sur le rapport de la commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics rendu par Jean-Pierre Machelon le 20 septembre 2006. C’est, in fine, le droit qui tranche, mais il n’est pas en lui-même et pour lui-même son propre fondement, il reflète des choix philosophiques et des convictions qui sont eux-mêmes en rapport avec la vie des sociétés à un moment donné de leur histoire. Nous tenterons donc une réflexion bien en amont de ces dispositions juridiques. […]