Est-ce juste de répliquer par les armes, lorsque des civils et des soldats perdent la vie sous les bombes ?
«Le concept de guerre juste est avant tout une idée théorique, compliquée à appliquer», relève d’emblée l’historien genevois Michel Porret. Cette notion a été élaborée progressivement depuis l’Antiquité. Puis la tradition chrétienne a mis au centre de sa réflexion la question de la moralité de la violence et de la guerre, écrit la philosophe française Monique Canto-Sperber dans «L’idée de guerre juste» (Presses universitaires de France, 2010).
Au début du Ve siècle, saint Augustin associe le recours à la force à une philosophie politique. Pour lui, la guerre n’est justifée que si elle contribue à rétablir la justice. Son intention doit être bonne. La guerre juste est aussi inspirée par Dieu. Une conception qui sera reprise par les croisades et les guerres de religion. Au XIIIe siècle, Thomas d’Aquin afne le raisonnement en estimant que la raison de la guerre doit être proportionnée aux torts subis et aux bénéfices attendus.
Mais c’est au XVIIe siècle que la doctrine de guerre juste devient un véritable code moral objectivé. Elle est liée à l’émergence d’une radicalité juridique protestante. «Des jurisconsultes comme Hugo Grotius, humaniste, théologien, avocat, diplomate et philosophe néerlandais, développent ainsi l’idée d’une guerre juste, mais qui doit avoir des motifs de défense face à […]