Par Didier Sicard, médecin

Tout, tout de suite ! Le passé est poussiéreux, inutile pour la modernité ; il ne faut pas trop s‘en encombrer. Les réseaux sociaux sont là pour faire surgir à la demande des bribes de mémoire peu coordonnées qui ne laissent guère de place au minimum d’organisation temporelle. Leur responsabilité personnelle n’est pas en jeu.

Bousculés de façon permanente par des sollicitations diverses, des informations caduques le lendemain, il faut aux jeunes un esprit particulièrement solide et bien charpenté pour résister aux sirènes si séductrices de l’environnement. N’est pas Ulysse qui veut !

Avec ce paradoxe contemporain d’un individualisme, devenu un lieu commun, qui se conforme à des modes d’existence vestimentaires, alimentaires, festifs, particulièrement restreints parce que dominants. La consommation a compris leur extrême vulnérabilité et construit sans cesse son marché sur des arguments fallacieux tels que : « Soyez vous-même ».

Vulnérabilité qui peut conduire parfois, en l’absence de conformisme, à des conduites suicidaires. Il leur faut donc une grande force d’âme, beaucoup plus forte que celle des générations précédentes, pour retrouver un engagement, une vocation, pour remettre en question des acquis de confort, une délégation permanente à des prothèses d’existence (écouteurs, addiction aux portables, substances psychotropes, évasion musicale, etc.).

Quelques signes, cependant, relativisent cette vision pessimiste. Ce sont les jeunes qui sont à l‘avant-garde de l’alarme à propos du réchauffement climatique, qui dénoncent un marché omniprésent et dévastateur, qui sont en demande d’altruisme et prêts à changer le monde.

Seront-ils assez nombreux ? Ne perdront-ils pas vite cet idéalisme que l’on revoit surgir mais qui n’a plus d’assise politique ou religieuse possible ? Ne renonceront-ils pas à l’effort ou à l’abnégation nécessaires ?

Demeurons pleins d’espérance !