Le foncier coûte une fortune ici, alors le bâtiment a été construit tout en hauteur. Jean-Marie, Betty et quelques autres nous accueillent dans le joli hall d’entrée. Ils sont ici chez eux. Thomas, vingt-trois ans, nous fait visiter les locaux.
Un foyer ouvert
Chambres, studios, cuisine, salle à manger, espace télé, club, salles zen, polyvalente, d’informatique, de socio-esthétique, d’ateliers créatifs, de sport… et de superbes terrasses végétalisées à tous les étages – le must au troisième, avec un jardin potager –, mais aussi petits coins « pour bouder » ou méditer… tout a été pensé pour les résidents. « J’ai vécu dans des familles d’accueil puis dans une clinique, dans beaucoup d’endroits différents, et là j’espère me poser pour préparer ma vie professionnelle », confie Thomas, ravi.
Certains résidents sont autonomes, d’autres moins ; tous sont libres de circuler à leur aise. Le bâtiment est ouvert, avec des digicodes au cas où. « C’est un réel changement pour les personnes accueillies, elles n’ont jamais été hébergées dans un lieu comme celui-là, il faut un temps d’adaptation. On demeure très souple », indique Sylvie Rabineau, directrice des lieux. Libres, les résidents le sont aussi d’accueillir leur famille ou leurs amis en journée, dans la confortable salle des proches. Et bientôt les habitants du quartier pour apprendre les rudiments du potager.
Un tremplin vers la réinsertion
Plus qu’un hébergement, l’établissement d’accueil non médicalisé accompagne les résidents vers le rétablissement et la réinsertion. Mais il faut d’abord se refaire une santé. « Le but, c’est de sortir de l’établissement, on y va tranquillement pour ne pas risquer un échec. Les résidents ont besoin d’être cocoonés, de se sentir bien, d’apprendre à vivre ensemble, la priorité n’est pas l’inclusion, il faut être patient », assure la directrice.
À L’Amandier, on avance ensemble, on coagit, on coconstruit, on coécrit l’histoire du foyer de vie. Les résidents choisissent leurs activités, les machines pour la salle de sport, les recettes de l’atelier cuisine, la décoration de leur foyer, les sorties à programmer. L’équipe reste au plus près de leurs demandes, « ce sont les résidents qui gèrent, c’est la force de la maisonnée ».
Les trajectoires ne sont pas toujours linéaires, Jean vivait seul, Karim chez sa mère, Julie en famille d’accueil ; la plupart des résidents sortent d’une hospitalisation de longue durée. Dans l’unité médicalisée du rez-de-chaussée, une infirmière accompagne les parcours de soins.
La résidence de L’Amandier, c’est aussi une plateforme d’accueil de jour, des visites de personnes à domicile ou en hospitalisation, et plusieurs maisons partagées dans le quartier. Dans la villa Pascal, Karim prépare des pâtes et des saucisses pour son colocataire qui est devenu son meilleur ami. « J’ai appris à faire la cuisine, le ménage, et à me débrouiller tout seul ; avant, je ne savais rien faire. » Sur un mur de sa chambre, Dragon Ball Z côtoie Johnny, Jésus et quelques sourates.
« Ce sont des publics fragiles mais tous très positifs et motivés, parce que c’est une étape vers leur autonomie ; ils sont heureux et ont envie de créer du collectif même si ce n’est pas toujours simple. Ils ont vraiment des besoins spirituels très forts à cause de leur vie cabossée, certains réapprennent à prier », s’enthousiasme frère Marc, l’aumônier de la structure.