Dans son intervention à la 8e convention du Forum protestant,  résumant sa thèse sur la grâce du végétal, Otto Schaefer pointe le «double déficit» des théologies protestantes contemporaines avec d’une part un «manque d’attention au vivant non humain», d’autre part «un manque de charge vitale de la grâce». Se demandant alors ce que le végétal pourrait inspirer «à une éthique des vertus écosensible et écoresponsable», il invite à une «conversion à l’humilité» par un renversement très chrétien des valeurs en faveur des plantes, «plus bas niveau de la stratification de l’âme et du vivant». Ainsi qu’à creuser l’imaginaire végétal en matière de conversion, formation et pourquoi pas de croissance.

Voici les plantes qui ouvrent le bal. Ce n’est que justice car le cortège de la biodiversité n’existerait pas sans elles. Les plantes ont un pouvoir cosmogonique, selon l’expression du philosophe Emanuele Coccia (1), c’est à dire qu’elles sont à l’origine d’un monde: monde vert que nous habitons et dont nous sommes issus avec tous les autres animaux pluricellulaires. Presque toute la biomasse vient des plantes, directement ou indirectement. En fabriquant l’oxygène, elles permettent la respiration cellulaire avec son haut rendement énergétique, condition même de l’existence d’organismes différenciés en organes: nous en sommes. Notre souffle est le leur qu’elles nous prêtent, chaque bouchée nous rappelle notre dette à […]