Le député UDI Charles de Courson a bien résumé le changement opéré par cette loi lors de son intervention à la tribune : « Par ses dispositions, ce texte inverse totalement l’approche de la lutte contre le système prostitutionnel. En supprimant le “délit de racolage” au profit de l’instauration d’un parcours de sortie de la prostitution, il fait de la prostituée, autrefois désignée comme une délinquante, une victime. Mes chers collègues, beaucoup d’hommes voire de femmes devraient méditer le célèbre épisode du Nouveau Testament où le Christ sauve une prostituée de la lapidation en posant aux hommes qui voulaient la lapider une question embarrassante qui est la suivante : “que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre”. Et les Écritures précisent qu’ils s’éloignèrent l’un après l’autre, en commençant par les plus anciens. Puis le Christ s’adresse à la prostituée et lui dit : “Va et ne pêche plus” ». Eh bien, il me semble que l’inspiration de cette proposition de loi, elle est tout à fait chrétienne ». Un député citant la Bible dans l’hémicycle ! Cela faisait longtemps que ce n’était plus arrivé…

Un trafic 

Même si la citation biblique n’est pas vraiment adaptée au contexte (Jean 8,1ss ne parle nullement d’une « prostituée » mais d’une « femme adultère ». Ce qui est très différent), il est possible de rejoindre le député sur deux points. D’abord, la loi invite à une véritable conversion. Notre regard s’était habitué à considérer la prostituée de manière méprisante, comme une femme de « mauvaise vie », se plaisant à corrompre les hommes, à les détourner de la « droite voie ». Que nenni ! Le ou la prostitué(e) ne sont que des victimes. La prostitution n’est rien d’autre qu’un trafic d’êtres humains à grande échelle, abominable et meurtrier ne l’oublions pas. Selon le rapport de l’association Nid de Femmes, « 80 % des clients des 20 000 prostituées de France sont des hommes, et 80 % des 20 000 prostituées de France sont sous le contrôle de trafiquants, maquereaux ou autres, pour des raisons économiques ou familiales. La prostitution réduit la femme à être un instrument de plaisir soumis au désir du client payeur ».

Libération 

Ensuite, le député a raison de souligner le côté positif de cette loi : l’instauration d’un parcours de sortie de la prostitution. Et il a raison, me semble-t-il, de mettre en parallèle ce parcours et la parole de Jésus qui, loin de culpabiliser la femme, la libère et l’invite à la responsabilité. Certes ce parcours n’est pas encore « idéal ». Il permet, par exemple, d’obtenir – sur décision du préfet – un titre de séjour d’une durée de six mois. Beaucoup trop court pour changer de vie, dénouer certains liens et dépendances ou déjouer certains pièges… Il aurait fallu au minimum un an et demi voire deux pour que ces femmes échappent à la mainmise de leurs bourreaux : s’en libèrent ! Mais ces six mois sont à prendre comme un premier pas… En attendant mieux. Par lui, nous nous apercevrons combien, la plupart du temps, la prostitution n’est que fort peu exercée par des européennes. À Paris, par exemple, un rapport a montré que les prostituées sont : asiatiques à Belleville, ouest-africaines à Barbès, slaves à Pigalle… Toutes se prostituent pour assurer leur survie. Si la pénalisation du client et le parcours de sortie de la prostitution peuvent leur faire goûter un chemin de libération, alors oui cette loi est « d’inspiration chrétienne ».