Au moins 213 000 femmes subissent des violences conjugales en France. Un phénomène auquel sont régulièrement confrontés les médecins généralistes. En effet, lors de leurs consultations, une patiente sur cinq en moyenne en est victime. Antoine Guernion, un généraliste héraultais, a consacré sa thèse à la mise au point d’un outil de repérage des violences intrafamiliales. Déjà testé par dix confrères, il a permis une hausse du taux de détection des victimes. Celui-ci est passé de 15 % à 41,5 %. Pour valider le procédé, de nouveaux médecins doivent expérimenter la nouvelle méthode, explique Midi Libre

Basée sur le bon sens et le pragmatisme, la méthode du médecin héraultais a été récompensée par le prix Agnes McLaren, ouvert tous les deux ans aux thésards de la faculté de médecine de Montpellier. Praticien hospitalier et membre de l’ONG Médecins du Monde, Vincent Faucherre a présidé le jury de la dernière édition du prix. Le docteur a mis en avant “une démarche scientifique remarquable, mais également une humanité, une parfaite compréhension des mécanismes des violences conjugales et des valeurs féministes incontestables”. 

Quand poser la question des violences ? 

Aux volontaires, le Dr Guernion propose une formation rapide, d’une heure ou d’une heure et demie, afin que les médecins puissent aborder avec leurs patientes la question des violences, et ce de façon systématique. “J’ai identifié dix tâches, dont cinq essentielles, qui prennent cinq minutes”, explique le médecin. La première revient à trouver le meilleur moment pour aborder la question. Il peut s’agir d’“une première consultation ou une grossesse”. 

Il ne faut pas que la charge de travail soit importante, et la question doit être banale, en face-à-face, les yeux dans les yeux. Toute la problématique consiste à bien amener le sujet, détaille Antoine Guernion. Le principal écueil est le manque de formation, de temps, la peur de la réaction de la patiente, la méconnaissance du réseau qui permet d’orienter.” Celui-ci a également prévu des documents tutoriels sur lesquels ses confrères pourront s’appuyer. Ainsi, ils ne seront pas démunis lorsqu’ils devront orienter des femmes vers des associations locales référentes. 

Besoin de 75 volontaires 

Ces dernières sont également impliquées dans la formation. “On travaille avec le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles dans l’Hérault, et Via Femina dans le Gard”, poursuit le généraliste. Cette fois, il espère trouver 75 confrères prêts à tester sa méthode de repérages des violences dans l’Hérault et le Gard, afin de livrer de nouveaux résultats à la fin de l’année 2024.