Les crises apparaissent comme des étapes dans un processus d’évolution qui impliquent un profond changement de paradigme. Cela ne se fait pas sans douleur, sans troubles, sans symptômes parfois violents ou nocifs. C’est le sens de la crisis médiévale. Car au-delà de toutes les pertes matérielles ou concrètes que la crise entraîne, elle est plus fondamentalement une perte obligée de repères, une incertitude parfois totale, une obligation à prendre des risques pour s’en sortir et donc un facteur d’inquiétude parfois insupportable et de réactions souvent violentes.
Mais elle offre une multitude de nouvelles possibilités, celles de « rebattre les cartes », de recommencer la partie, de faire des choix nouveaux, insoupçonnés et prometteurs. Une étape imprévisible dans notre marche. Rarement les crises sont choisies. Mais, même subies, elles sont le surgissement d’un bouleversement inéluctable, d’un ou de nouveaux choix de vie possibles. « Les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes » écrivait Chateaubriand.

De la crise au changement

Une « bonne » crise est celle qui est suivie d’un véritable changement. Mais les résistances aux changements sont toujours redoutables !
Il y a ceux qui vont tout faire pour ignorer ce mouvement qui les agite : ils vont continuer dans la même voie et se replier dans des mouvements identitaires, conservateurs, réactionnaires, fondamentalistes ou intégristes.
Ils ne font que retarder le moment où la crise va les déborder. Mais même pour les autres qui vont prêter attention à ce qui se manifeste, ce n’est pas simple : il y a des résistances dues surtout à la peur de lâcher ce que l’on connaît. Une peur qu’il faut savoir admettre et reconnaître pour parvenir à faire d’une crise une opportunité. Il y a aussi, bien sûr, des résistances d’intérêt destinées à bloquer sciemment tout changement démocratique et économique qui amènerait à plus d’égalité et de justice au détriment de ceux qui détiennent pouvoir et argent.

Promesses de la crise

C’est de ces temps de crises, souffrants mais prometteurs, qui affectent nos vies personnelles et familiales, mais aussi celles de nos associations comme de nos institutions politiques, que nous voulons vous parler dans ce numéro de rentrée de Présence pour nous inciter, tous ensemble à savoir saisir ces moments. Pour que nous sachions nous interroger profondément sur ce qu’ils remettent en cause, ce qu’ils disent des nouveaux besoins mais aussi de nos manques et de nos ressources pour y répondre et prendre conscience qu’ils nous entraînent dans de nouvelles et justes (r)évolutions.

  • Origines du mot  « crise »
    L’étymologie du mot « crise » renvoie au double sens du mot : crisis, en latin médiéval, signifie manifestation violente, brutale d’une maladie, quand elle s’exprime le plus vivement. Dans l’Antiquité, le grec krisis signifie jugement, décision, choix. La crise correspond à un moment clé, à un moment charnière, à un moment où, en quelque sorte, « tout doit se décider », « le moment où jamais ».