Ensemble – Pourquoi un synode avec un sujet régional ?

Anne-Marie Feillens – Dans le fonctionnement synodal de notre Église, un synode avec une question sur la vie régionale, et non pas nationale, est prévu tous les trois ans.

Vous employez le mot « dynamique » alors que certaines paroisses ont l’impression de s’essouffler…

Le conseil régional veut mettre en avant la diversité des réalités locales et encourager les Églises par l’exemple, stimuler l’imagination. Il est important de sortir de la « déprime », de ne pas se sentir seul dans son coin.

Il y a beaucoup de différences entre des paroisses rurales vieillissantes et des paroisses de grandes villes en croissance…

Nous avons choisi plusieurs situations : deux paroisses de grandes villes, Bordeaux et Toulouse ; des Églises en dissémination, par exemple le Cantal (vingt-cinq ans sans pasteur !), le Gers, des villes moyennes comme Montauban et Bergerac, et des paroisses ayant des projets sortant de l’habituel : Périgueux et la Côte Basque.

En tout, huit paroisses qui représentent un peu tous les aspects de not re rég ion. Au cours du synode, chacune sera sensibilisée et découvrira la réalité de la vie des autres paroisses. Chaque délégué pourra réfléchir au projet de vie ou à l’organisation de sa paroisse.

Cela fait plus de deux ans que vous avez été élue ; quels sont les principes qui guident votre action en tant que présidente de région ?

Faire vivre la solidarité, rappeler que les Églises appartiennent à une union, qu’elles ne sont pas seules. Elles ne doivent pas hésiter à faire appel à la région et à ses équipes plus « techniques » (finances, bâtiment, etc.). Surtout donner confiance et soutien aux Églises locales afin qu’elles vivent tournées vers l’Évangile et non vers les problèmes matériels.

Qu’il y ait un plaisir de vivre ensemble !

Qu’entendez-vous par « être tourné » vers l’Évangile ?

Nous vivons dans un monde en plein bouleversement. On a eu les fortes chaleurs et les incendies. À côté de ça, on a aussi un autre problème : des paroles publiques clivantes et méprisantes. Les gens sont dans un mal-être important.

Que faire ?

Notre parole d ’Église et notre manière de vivre la communauté peuvent apporter de la modération et de l’apaisement. C’est en tout cas ce que je crois et ce en quoi j’espère.

On entend parfois dire que la région est distante, uniquement préoccupée d’argent…

Les Églises locales ont une place centrale dans la dynamique de la région.

Par exemple ?

La contribution régionale, la fameuse « cible », n’est pas fixée autoritairement par la région. C’est le conseil presbytéral qui la détermine, en fonction de ses capacités.

D’après les informations financières transmises, un montant est proposé au conseil presbytéral. La trésorière régionale recueille alors les propositions, discute avec le CP en cas d’écart important, pour comprendre la situation. Puis elle établit le budget régional qui sera alors voté en synode.

Une question revient souvent : pourquoi tous les postes pastoraux ne sont pas pourvus ?

La sociologie du corps pastoral a complètement changé. Les nouveaux pasteurs sont souvent plus âgés qu’avant et ils·elles ont souvent eu une carrière professionnelle avant de faire les cinq ans d’études de théologie. Ils ont des conjoints qui travaillent, des enfants à proximité et sont donc très peu mobiles. Très peu sont originaires du Sud-Ouest. Une des « solutions » est de susciter des vocations « régionales » pour que le·la futur·e pasteur·e ait envie de revenir s’installer dans notre belle région.

Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions, surtout avec votre emploi du temps bien chargé. Vous serez en déplacement pour la région sept week-ends en septembre-octobre ! Merci à mon mari qui me soutient dans mon ministère.