Comment la commission en est-elle venue à publier un texte sur Le chrétien et les technologies ?
Nous voulions depuis plusieurs années écrire sur le transhumanisme qui posait des questions sur la conception de l’être humain, avec des considérations philosophiques et théologiques. Mais nous voulions trouver quelque chose qui parle davantage aux gens et l’idée a été de faire appel à des pratiques dans le quotidien des gens et donc à deux exemples.
Premier exemple: le smartphone, car on voit la place qu’il a pris. Et à travers lui les effets bénéfiques et les effets pervers de la technologie sur l’être humain dans son rapport aux autres.
Deuxième exemple: le rapport au corps avec la chirurgie esthétique et les constatations qu’on a pu faire pendant le Covid et le confinement.
On arrive donc à des choses très pratiques alors qu’on était partis sur des questions théoriques! Tout cela en soulignant les implications théologiques pour montrer ce qu’il y a de discutable, pour que les gens réfléchissent un peu. Rien ne remplace les rapports humains et nous nous appuyons sur le comportement de Jésus qui n’a jamais utilisé d’artéfact, de médias, et toujours préféré le contact direct. L’Église a un rôle à jouer: rappeler l’importance des rapports humains et l’importance de prendre le temps, de savoir s’arrêter.
Sur le smartphone, vous soulignez son ambivalence: d’autant plus «invasif» qu’il est «apprécié»?
Un des aspects positifs est d’avoir accès à toutes les informations (et même à la Bible) tout de suite et tout le temps… c’est grisant! Mais avec un nécessaire regard critique sur l’information: ce que l’on entend peut être tendancieux et mal intentionné.
Les aspects négatifs sont connus. Les gens sont accaparés par leur portable, les couples ne se parlent plus… Cet écran entre nous et les autres est dommageable. Il n’y a pas que l’appel, il y a la notification… Le smartphone interpelle la personne qui est visée mais il n’y a pas qu’elle: cela coupe les conversations, cela perturbe les échanges. Il y a aussi le temps passé dessus par les plus jeunes, le temps de sommeil dont les enfants sont privés. Sans parler de la fracture numérique avec les personnes âgées: dans les Églises aussi (où tout se fait de plus en plus par portable et où on a du mal à faire comprendre aux gens de couper leur téléphone pendant le culte), ceux qui n’ont pas Internet ne peuvent pas lire les messages. Il y a moins de contact direct. C’est pratique pour les parents de mettre les enfants devant un dessin animé, ils sont tranquilles…
Mais il n’est pas question de le diaboliser puisqu’on s’en sert tous les jours. Nous voulons seulement pousser à un usage raisonné et raisonnable des écrans, à se donner des règles de savoir vivre concernant ces outils. Une règle, ce peut être de mettre les portables dans un panier au lieu de les consulter à table.
À propos de la chirurgie, vous avez donc constaté un changement pendant le confinement?
Oui, il y a eu une forte demande de chirurgie esthétique car les gens ont été seuls face à eux-mêmes. D’où un intérêt accru pour sa propre image (avec la focalisation sur les profils Instagram) dans le but de la soigner et de l’améliorer. Mais c’est devenu une […]